vendredi 10 août 2012

Était-ce le fantôme de la marquise?



Oui, oui, c'est bien moi à la fenêtre... et la photo a été prise par ma lumineuse voisine, Claire Audhuy.

Il y a eu le magret, la chauve-souris, les souris (ou les loirs), l’insomnie,  la pluie, mais pas de fantôme. Enfin, pour le fantôme, je ne suis pas certaine…

Mais d’abord, il y a ce château du 18e siècle, un peu fané mais encore fier. Imposant même.  À l’intérieur, un décor de film à la Agatha Christie.  Des planchers de bois qui gémissent à chaque pas.   Dans tous les coins et recoins, des centaines de livres jaunis, qui sentent le siècle dernier.  Des photos d’époque du clan Nothomb (on vient de nous annoncer la visite d’Amélie pour la semaine prochaine!)…

Premier soir, je monte à ma chambre, au deuxième étage du Château et je tombe sur une chauve-souris.  Aussi affolée que moi, elle vole d’un bout à l’autre du couloir, tandis que je fonce vers ma chambre, tête rentrée dans les épaules. Je claque la porte derrière moi, fière de ne pas avoir succombé à l’envie de crier. 

Après la chauve-souris, les souris.  Elles dansent une gigue dans le grenier au-dessus de ma tête.  Au vacarme qu’elles font, je me demande si je n’ai pas affaire à un plus gros rongeur…  Mais le lendemain matin,  les auteurs belges affirment que ce sont des loirs.  Je google loir pour voir la tête de la bête…   Tiens, encore moins joli qu’une souris. 

Aucun signe pourtant du fantôme de la marquise du Pont d’Oye, bien qu’elle soit le «talk of the town » à Habaye et que j’ai trouvé au château pas moins de trois livres qui racontent sa vie tragique.  On la retrouve même en vedette dans les dépliants publicitaires, comme quoi les fantômes attirent les touristes.   

Après les petites bêtes, voilà l’insomnie qui vient me dire bonjour.  Est-ce le magret de canard aux cerises dégusté au souper qui m’empêche de dormir?  Ou les conversations trop stimulantes des dix auteurs en résidence?  Ou l’angoisse de ne pas savoir-pouvoir écrire-sortir ce roman dont l’ébauche attend depuis si longtemps dans les entrailles de mon Toshiba… 

Au milieu de la nuit, au tour de la pluie de marteler mon toit.  Je me  lève et j’ouvre ma fenêtre en mansarde, qui donne sur le devant du château.   Avec le vent qui me fouette la face, j’ai l’impression d’être une Jane Eyre du 21e siècle, sauf que je ne porte pas une longue chemise de nuit avec col Claudine en dentelle mais mon t-shirt extra-large et fané du Relais pour la vie.  La tête à moitié sortie de ma fenêtre, j’attends que l’air frais ou la pluie m’inspire une superbe pensée poétique que je pourrais noter pour la postérité... Mais non.  Rien. Rien pantoute. Rien que cette question qui tourne dans ma tête : pourquoi y’a pas de moustiquaire aux fenêtres de ce château? Ce serait pourtant une façon bien simple de réduire le risque de chauve-souris et ça m’éviterait de passer le reste de mon séjour à marcher la tête rentrée dans les épaules.

Au matin, à mon réveil, j’ai trouvé la fenêtre de ma chambre entrouverte.  Je l’avais pourtant refermée avant de retourner au lit. La marquise serait-elle passée me voir pendant la nuit?