lundi 18 juin 2012

Pleurer de joie d’être en vie



Images et impressions du Relais pour la vie au profit de la Société canadienne du cancer (qui s'est déroulé au Centre Asticou de Gatineau, de 19h à 7h, vendredi le 15 juin)

Colombes :  Pour la cérémonie d’ouverture, on a eu droit au traditionnel lâcher des colombes.  Ces blancs oiseaux nous ont offert une charmante chorégraphie, vol en aller-retour, vol en plongeon.  Il y a sans doute un jargon très précis pour toutes ces jolies manœuvres mais je ne le connais pas.    Où vont les colombes, une fois leur spectacle terminé?  Rentrent-elles sagement dans leurs cages?   Sont-elles nombreuses à avoir envie de fuguer?  Envie de fuir vers la Patagonie?

Tour des survivants :   Ils étaient plus de 150 à défiler devant la foule amassée autour de la piste. Ceux que je n’oublierai pas?  Cette petite fille de 10 ans, arborant le t-shirt jaune des survivants, qui marchait d’un air grave, en tenant sa mère par la main. Les gens l’applaudissaient mais l’enfant ne souriait pas.   
Ce colosse dans la soixantaine, un aidant naturel en t-shirt bleu.  Il tenait une femme  (son épouse?) par la main. Elle marchait calmement, dans son t-shirt jaune des survivants, tandis que lui pleurait à chaudes larmes.

Tombe à l’eau :  Bon, ben, désolée de vous décevoir (j’étais moi-même plutôt déçue) mais je ne suis pas tombée à l’eau!  J’avais pourtant apporté des vêtements de rechange et j’étais prête à me mouiller pour la cause. Mais moi, la Capitaine d’équipe, je n’avais pas prévu le coup assez longtemps d’avance.  Les heures au « tombe à l’eau » étant très populaires, elles avaient toutes étaient réservées en ligne, par des équipes, avant même le début du Relais.  Je suis repartie déçue (l’orgueil qui parle ici) de ne pas avoir pu montrer que je n’avais pas peur du ridicule.

Milliers et millions :  113 équipes ont participé au Relais pour la vie de Gatineau. Plus de 1000 personnes à marcher pendant 12 heures et qui avant, avaient travaillé à recueillir plus de 360 000 $.  Cette même nuit, il y avait 14 autres Relais pour la vie dans la province.  Plus de 2,5 millions de dollars amassés.  Impressionnant non?  Va-t-on finir par la vaincre cette sale maladie? 


Luminaires :  Elles m’ont donné de l’énergie toute la nuit, ces milliers de chandelles qui illuminaient le tour de la piste. Des luminaires à la mémoire d’amis perdus au cancer et des luminaires pour encourager ceux qui se battent contre le Crabe.

Bingo :  Jouer au bingo à trois heures du matin m'a semblé d’une absurdité totale.  Entre deux crises nerveuses de fou-rire, je me suis demandé : Vais-je tenir toute la nuit sans dormir?

Pieds et paupières pesant une tonne :  À quatre heures du matin, (alors que l’idée d’un lit me rapprochait du paradis) me suis demandée ce qui pesait le plus lourd? Mes pieds ou mes paupières?

J’ai couché dans mon char : J’en veux à Richard Desjardins d’avoir rendu romantique l’idée de coucher dans un char.  Romantique mon œil! Dormir dans un char, c’est franchement inconfortable! Après une heure à tournicoter pour trouver une position confortable, je me suis relevée avec un torticolis…


Soleil :   Rien de plus vivifiant qu’un lever de soleil après une nuit sans sommeil.  Rappel lumineux de la vie qui continue de battre, de la nature qui continue de vibrer, fleurir, verdir, reluire, malgré toutes les maladies et les souffrances du monde.

Quand le sommeil nous attrape… ou nous rattrape : En faisant mes tours de piste, à l’aube, j’ai vu beaucoup de gens, endormis dans des chaises longues, la bouche ouverte.  On s’attendrit devant autant d’abandon.

Larmes : J’ai vu beaucoup de gens pleurer durant la nuit. Pendant la cérémonie d’ouverture. Pendant le tour des survivants. Pendant la cérémonie des luminaires.  Moi je n’ai pas pleuré.  Mais le lendemain matin, rentrée chez moi, attablée avec ma famille pour un déjeuner, voilà mon ainée qui me demande :  « As-tu eu du plaisir Maman? ».  Et me voilà qui éclate en sanglots.  Devant mes filles ébahies, je me paye une vraie crise de larmes.   Pleurer de fatigue, certes. Mais pleurer aussi sur ma chance, celle de ne pas avoir d’enfants ou de parents portant le t-shirt jaune.   Pleurer sur la simple et l’immense joie d’être en santé. En vie.

5 commentaires:

  1. Katia Canciani12 h 19

    Merci. Tous ceux qui ont déjà pleuré de ces larmes te prennent dans leurs bras et te font un immense câlin. Passe une belle journée de vie :-)

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  2. Anonyme13 h 10

    Bravo Andree!

    PS. Tu liras ca plus tard apres ton long dodo d'apres-midi, question de te reprendre sur ton sommeil.
    Daniele

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  3. Merci Katia!
    Danièle: oui, oui, je l'ai faite ma longue sieste!!!!

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  4. Anonyme12 h 20

    Bonjour Andrée,

    Votre blog fait partie de mes favoris - parce que vous avez été notre écrivaine en résidence, parce qu'il est intéressant, parce que j'y trouve des idées pour la page Facebook de la bibliothèque... Je suis de retour de vacances cette semaine, et je viens de lire votre billet. J'ai aussi participé au Relais pour la vie - celui à Buckingham - et j'ai été très touchée par votre texte. J'ai pleuré exactement pour la même chose que vous : merci la vie, la chance, le hasard, qui font que mes enfants et mes parents soient parmi ceux qui applaudissent le tour des survivants, et qui ne le marchent pas. Que c'est précieux.

    Merci encore!

    Claudine Patry
    bibliothécaire, Ville de Gatineau

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  5. Bonjour Claudine,
    Bravo pour votre participation au Relais pour la vie! Oui, oui, profitons au maximum de la vie, de notre santé. J'essaie de me le répéter chaque matin...

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