vendredi 17 décembre 2010

Quand je serai vieille, je veux être comme mon papa…



Mon père a quêté toute sa vie. D’aussi loin que je me souvienne, il a quêté de l’argent pour les autres. Pour les causes auxquelles il croyait. Pour sa communauté. Pour les Franco-Ontariens. Je ne sais pas où il trouvait l’énergie, entre élever huit enfants et ses responsabilités de haut gestionnaire au gouvernement fédéral, pour faire autant de bénévolat. (Heureusement qu’il avait une épouse toute aussi énergique…)

À la fois visionnaire et homme d’action, Gérald Poulin a aidé à créer d’importantes institutions culturelles franco-ontariennes. Si Orléans a aujourd’hui un visage francophone, c’est grâce à l’extraordinaire engagement communautaire de mon père. Il a fait partie des bâtisseurs pour ce projet, celui-ci et celui-là. Pas pour rien qu’on lui a remis l’Ordre de la Pléiade et un tas d’autres médailles et honneurs.

Récemment, je me suis retrouvée dans la position de celle qui devait quêter, c’est-à-dire trouver des commanditaires. Or, quêter, j’haïs ça au point d’en faire de l’urticaire. Même pour une bonne cause, j’ai une forte réticence à demander de l’argent. J’ai même arrêté de faire la guignolée avec mes filles parce que je trouvais ça trop décourageant. Peur de se faire dire non? Aversion au refus? Un peu de ça sûrement, en plus d’une pudeur mal placée…

Mais comme on voulait offrir des prix aux étudiants pour notre concours de bande annonce littéraire, il fallait trouver des commandites. L’équipe a envoyé des courriels à droite et à gauche, mais ça ne répondait pas.

C’est qu’ici que Gérald entre en scène. Mon papa qui a 79 ans, et qui n’avait jamais vu une bande annonce de sa vie, a décidé de nous aider. Il trouvait notre projet intéressant et voulait donner un coup de pouce à ses deux filles, l’auteure qui avait pondu le roman et la chercheure qui pilotait cette recherche-action.

Et l’indécrottable activiste a ressorti son bâton de pèlerin. Mon papa qui a 79 ans est allé faire le tour des commerces de Buckingham, pour trouver des commanditaires. Il a frappé à des portes, rencontré des commerçants pour essayer de les convaincre de donner des sous pour des prix dans le cadre d’un concours de bandes annonces littéraires. Pas évident d’essayer de convaincre un épicier d’embarquer là-dedans! Comme essayer de vendre une lampe de bronzage à un Cubain…

Mais l’inexpugnable Gérald a persévéré. Et il a récolté des dons! Ce n’est ni la quantité, ni l’envergure des dons qui comptent. C’est qu’à 79 ans, il a eu le désir, l’énergie et le cran de le faire.

Vraiment, je vous le dis, je veux vieillir à la façon de mon papa.

mardi 14 décembre 2010

L’humour du soutien-gorge sur la table…



Quand j’ai entendu les applaudissements des ados dans l’auditorium plongé dans le noir, la patate me palpitait. Après la projection des premières bandes annonces, quand les sifflements et les applaudissements des ados ont fusé, j’ai eu le motton dans la gorge.

Car Dieu sait qu’ils ne sont pas faciles à séduire les ados. Et là, ils étaient manifestement séduits. De mon côté, j’étais aussi totalement séduite. Voir leurs images, leurs mots, leurs musiques sur mes idées, mon histoire, mon roman, ben oui, ça venait me brasser les émotions.

Ce Festival de la bande annonce, qui a eu lieu la semaine dernière à l’école secondaire Hormisdas-Gamelin de Buckingham, bouclait en beauté le projet de création d’une bande annonce littéraire, financé par le Coreper. Piloté par une dynamique professeure de l’UQO, ce projet de recherche-action alliait technologie, vidéoclips et lecture, dans le but de stimuler le goût de lire chez les adolescents. Je lui dois d’ailleurs un immense merci à cette chercheure (ma chercheure préférée entre toutes!!!) pour son audace à sortir des sentiers battus, explorer de nouvelles idées et tenter des expériences novatrices.

Voici comment ça s’est passé : sept classes d’étudiants de Secondaire III ont lu Miss Pissenlit. Ensuite, ils ont eu droit à une rencontre avec l’auteure, en l’occurrence, moi. J’ai raconté ici ma peur de les rencontrer et ici tout ce que cette rencontre m’a apporté.

Ensuite, les étudiants ont eu un atelier sur l’écriture de scénario et un autre atelier sur comment utiliser le logiciel MovieMaker. Ils avaient alors toutes les connaissances nécessaires pour créer leur propre bande annonce. Pour les motiver, nous avons organisé un concours avec des prix pour différents aspects de leurs bandes annonces: meilleur son, meilleures images, meilleur scénario, etc.

La bande-annonce ci-haut a remporté le prix du jury et le prix du public. De ce vidéoclip, j’aime l’humour du soutien-gorge sur la table (il faut avoir lu le roman pour comprendre). J’aime la façon dramatique dont la bombe aérosol tombe sur le sol… Je suis impressionnée par l’angle de prise de vue du gâteau au chocolat dans le frigo. Les deux créateurs ont eu l’ingéniosité de mettre une lampe dans le frigo! En moins de 90 secondes, les deux éleves ont capté et transmis l'essence du roman: la révolte de l’héroïne, la complicité avec sa nouvelle amie, l’apprivoisement de l’amour et bien sûr, les pissenlits… Bravo, bravissimo à Maxime Laniel et à Frédéric Larose!

Attention, message pour les enseignants du secondaire!
S'il y a des profs de secondaire qui lisent ce billet et qui sont intéressés par ce projet, l’équipe a créé une SAÉ complète, une trousse pédagogique très riche, avec jeu questionnaire, journal de lecture, modèles de scénario, atelier sur la création d’une bande annonce, webographie, etc. Cette SAÉ est disponible gratuitement. Il suffit de m’écrire un mot et je transmettrai la demande à la chercheure!

Finalement, ceux qui meurent d’envie d’en savoir plus long sur les bandes annonces littéraires, ne manquez pas le prochain numéro de Lurelu, (hiver 2011) car j’y publie un article sur ce qui se fait comme bandes annonces en littérature jeunesse au Québec.

dimanche 12 décembre 2010