jeudi 4 novembre 2010

Résister aux sirènes de la procrastination…


«D’après les experts, le iPad va révolutionner la façon dont les gens procrastinent.»
Tel que raconté par David Letterman.

Andrée, répète après moi, répète 10 fois, 20 fois, 30 fois: le iPad tu n'achèteras pas.

mardi 2 novembre 2010

C’est beau de voir vibrer un ado…


J’avais 15 ans lorsque le romancier Yves Thériault est venu présenter une conférence à mon école secondaire. Comme j’étais bonne en français (et probablement un peu téteuse), on m’avait demandé de préparer le discours de bienvenue pour accueillir l’auteur d’Agaguk. Je me suis préparée soigneusement, avec tout le zèle de l’élève qui veut plaire.

Après la visite de Thériault à notre école, j’étais retournée l’écouter le même soir, tandis qu’il donnait une causerie à la bibliothèque publique d’Orléans. J’étais assise à la première rangée et personne ne m’aurait fait décoller.
C’était ma première rencontre avec un écrivain en chair et en os.
J’écoutais de toutes mes oreilles.
J’avais apporté ma liste de questions.
J’étais jeune, appliquée et ardente.
J’avais 15 ans, les livres me faisaient vibrer et j’idéalisais l’acte d’écrire.

Ces souvenirs me sont revenus la semaine dernière, quand j’ai rencontré Mélodie, à la polyvalente Hormidas-Gamelin. Cette étudiante de Secondaire III m’avait écrit un mois avant ma visite à la polyvalente. De beaux courriels, bien structurés, grammaire impeccable, aucune faute d’orthographe. Elle avait lu mon roman et voulait faire une entrevue avec moi pour le journal de l’école.

Quand je l’ai finalement rencontrée, Mélodie était exactement comme je l’imaginais. Sérieuse, intense, zélée et surtout, passionnée de lecture. Elle est arrivée très bien préparée, avec ses questions imprimées, sa mini-enregistreuse (j’espère qu’elle ne l’avait pas achetée pour l’occasion). Elle a noté soigneusement mes réponses. Je la sentais timide mais s’efforçant de sortir de sa coquille.

Je l’ai trouvé jeune, appliquée et ardente. Elle avait encore toutes ses illusions sur la création et je lui ai envié, un tout petit peu, cette fraîcheur du regard, cette confiance fiévreuse en l’avenir.

C’est beau de voir les ados vibrer sur le seuil de leurs ambitions.

dimanche 31 octobre 2010

Je n’ai plus peur des ados


Je croyais devoir affronter des loups mais j’ai jasé avec des agneaux.
J’avais peur qu’ils me bouffent toute ronde et toute crue
C’est moi qui ai dû les apprivoiser.
Même pas eu besoin d’avoir recours à l’arme ultime, suggérée par Andrée-Anne: leur faire bouffer des pissenlits s’ils étaient impolis.

Impolis, ils ne l’ont pas été une miette. En fait, les étudiants de français Secondaire III de la polyvalente Hormidas-Gamelin m’ont étonné par leur intérêt courtois, leurs questions réfléchies et leur réserve. Je me serais attendu à plus d’impulsivité, d’arrogance, de « m’as-tu-vu », de « je-sais-tout-et-tu-ne-sais-rien-parce que tu-n’as-plus-20-ans"…

En fait, leur docilité m’a un peu étonnée. Je m’attendais à plus de feu et d’ébullition mais peut-être que cette image clichée de l’ado n’a plus sa raison d’être? Peut-être qu’après l’âge de 12 ans, une fois que les jeunes entrent dans les fameux « teen », ils perdent cette belle impulsivité qui m’enchante chez les enfants du primaire.

Alors, voilà, mon baptême du feu, mes premières animations avec des élèves du secondaire, se sont déroulées dans l’harmonie et la bonne humeur, agrémentée de quelques rires et quelques petits élans d’enthousiasme chez ces ados qui font parfois bien attention de ne pas montrer leurs sentiments…

Jargon
Les étudiants de Secondaire III de Buckingham m’ont appris une nouvelle expression : le champ lexical. Selon Wikipédia, il s’agit d’un « ensemble théorique de noms, de substantifs, d'adjectifs et de verbes appartenant à une même catégorie syntaxique et liés par leur domaine de sens. »
Selon les étudiants, ça sert à trouver des idées pour bâtir son histoire.
Non mais qui a dit que les ados n’avaient pas de culture?!
L'illustration que vous voyez au haut de ce billet est d'ailleurs mon propre champ lexical sur les ados... que j'ai créé grâce à un petit logiciel très rigolo. Mais ça c'est une autre histoire que je vous raconte bientôt...

Dieu
Il y a quelques années, quand les jeunes ont commencé à s’exclamer « C’est écoeurant! », il m’a fallu un certain temps pour comprendre qu’ils voulaient dire « C’est fabuleux, formidable, fantastique… »
Cette semaine, j’ai appris une nouvelle expression dont les jeunes se servent, du moins à Buckingham (Québec) : «C’est Dieu!»
- Hein? Quoi? que j’ai fait, en insistant pour que le grand jeune homme répète.
Il n’a pas voulu répéter, car il était trop gêné. Mais son voisin de pupitre de m’expliquer :
- Si tu manges des bonbons et que tu trouves ça bon, tu dis «c’est Dieu».

Si Jésus (Dieu) entendait ça, il se retournerait dans sa tombe, s’il n’en était pas déjà sorti.

Sexe
Les ados aiment qu’on leur parle de sexe. Vous me direz, ben oui, c'est une évidence, mais je l'ai constaté en personne cette semaine. Dès que j’ai commencé à leur raconter comment certaines lectrices du manuscrit de Miss Pissenlit m’avaient dit qu’il n’y avait pas assez de sexe dans l’histoire (ma sœur) et d’autres m’avaient dit qu’il y avait trop de sexe (ma mère…) j’en ai vus plusieurs se redresser sur leur chaise. De ce côté-là, les filles s’assument plus que les garçons. Certains gars ont fait semblant de trouver le "french kiss" dégueulasse, tandis que les filles, plus honnêtes, m’ont clairement dit que je ça ne se faisait pas de finir un roman pour ados sans que le couple s’embrasse…

Argent
Ils ont tous été estomaqués par les droits d’auteur. «C’est VRAIMENT pas payant!" s’est exclamé un jeune, outré. Bien d’accord avec toi, jeune homme. Ce n’est pas «Dieu» pantoute.

Et voilà.
Mes premiers ateliers avec les ados sont déjà derrière moi.
Pas de quoi paniquer...
Je peux maintenant faire un crochet dans ma liste des nouvelles expériences : donner sans flageoler un atelier de 75 minutes à 30 jeunes de 14-16 ans…
Je le dis avec un brin de fierté : je n’ai plus peur des ados.