vendredi 10 septembre 2010

Bénéfices de l’observation d’auteur


Pendant près d’une semaine, j’ai eu la chance d’avoir un écrivain dans ma cour. Ouaipe, un écrivain qui écrivait dans ma cour. Rien de moins. J’en ai donc profité pour faire de l’observation d’auteur. Comme on fait de l’observation d’oiseaux ou d’étoiles. Il faut dire que j’avais tout un spécimen sous les yeux : nul autre que Camille Bouchard lui-même, en chair et en os.

Auteur de plus d'une cinquantaine de romans, Camille a écrit pour les enfants et les adultes, petits et grands, jeunes et vieux. Il a reçu des tonnes d’honneurs, dont le très prestigieux prix du Gouverneur général en 2005, des mains de la belle Michaëlle Jean.


Depuis quelques mois, Camille transporte sa maison partout où il va : un beau VR tout neuf surnommé Matamata (qui signifie tortue en une langue d’Amérique du Sud). Intrépide nomade, il se ballade sur le continent avec Nancy, sa charmante compagne et son inséparable ordi. Car cet auteur a l’audace d’oser écrire sur la route. Et il a la persévérance nécessaire pour réussir ce pari difficile. Alors que la moindre distraction peut faire dérailler le processus d'écriture, Camille Bouchard réussit à écrire sur la route.

Je l’ai vu de mes yeux vus, il écrit beaucoup. Tout le temps. Ou presque. En fait, j’ai rarement vu quelqu’un doté d’une telle discipline de moine et d’une aussi formidable capacité de concentration. L’auteur du Ricanement des hyènes a une très rigoureuse « work ethic ».

En plus, Camille maîtrise à merveille l’art difficile de dire non, indispensable pour tout créateur. Un midi que je lui offrais une soupe, il me répond : « Je n’arrête pas pour dîner. Je mange un yogourt et je continue d’écrire. »

J’ai aussi offert, durant la semaine, une visite au centre ville d’Ottawa ou une randonnée aux chutes de Luskville, mais Camille ne s’est pas laissé tenter. Il est resté dans sa Matamata pour écrire, malgré le soleil qui cognait à sa fenêtre et les paysages inconnus à découvrir.

Ce qui ne veut pas dire qu’il soit ermite. Au contraire. Car lorsque Camille s’est joint à ma famille pour un repas par-ci par-là, il nous a épatés avec sa vivacité et son humour. C’est qu’il a du charisme le p’tit mossus. Non seulement bon à l’écrit, mais aussi à l’oral. Il nous a régalés avec ses histoires de pirates et de cannibalisme en haute mer. Mes filles l’écoutaient, yeux écarquillés, bouche bée. Elles d’habitude pourtant peu intéressées aux étrangers (surtout s’ils ont plus de 25 ans…) m’ont demandé plusieurs fois pendant la semaine : « Quand est-ce que Camille vient manger avec nous? »

Avant de reprendre la route, Camille et sa compagne nous ont remerciés chaleureusement de notre hospitalité. En rétrospective, c’est moi qui aurais dû dire merci. Car j’ai reçu plus que j’ai donné. En me faisant, malgré lui, la démonstration de ses habitudes de travail et de sa discipline de fer, Camille m’a rappelé l’importance de ne pas s’éparpiller, l’importance de rester le cul-sur-la-chaise, les doigts-sur-le-clavier et les yeux-fixés-au-manuscrit.

mercredi 8 septembre 2010

Une auteure qu’on a envie de lire et relire


Les larmes de saint Laurent, Dominique Fortier, éditions Alto, Québec, 2010, 344 pages


En Dominique Fortier, vous avez une auteure qui cadre ses scènes comme de petits tableaux, parfaitement illuminés, avec juste ce qu’il faut de lumière, d’action et de poésie.

En Dominique Fortier, vous avez une auteure qui fait dans la dentelle littéraire, qui ose la simplicité d’un style classique, qui a le courage d’écrire au passé simple et le talent de rendre la chose élégante.

J’en ai parlé ici, ce samedi à l’émission les Divines Tentations.

Cette auteure s’est fait remarquée avec son premier roman, Du bon usage des étoiles, que le cinéaste Jean-Marc Vallée (qui a réalisé C.R.A.Z.Y.) va transposer prochainement au grand écran.

Conçu à la façon d’un triptyque, avec trois histoires distinctes, Les larmes de saint Laurent nous offre une aubaine: trois histoires pour le prix d’une. Trois histoires complètement différentes mais aussi fortes l’une que l’autre. Trois histoires pourvues de riches thèmes récurrents: le sens de la vie, les mystères de la science, la beauté de la nature, etc.

L’auteure nous transporte d’abord en 1902, où l’on suit le destin tumultueux de Baptiste Cyparis, seul survivant de l’éruption du qui détruit complètement la ville de Saint-Pierre, en Martinique. Puis elle nous entraîne en Angleterre, dans les traces du mathématicien Edward Love, qui a donné son nom à l'onde la plus meurtrière des tremblements de terre: les «Love Waves». Si ces deux personnages ont réellement existé, la troisième histoire est fictive et se passe dans le Montréal d’aujourd’hui, mettant en scène une femme et un homme qui s’apprivoisement lentement et tendrement dans le décor enchanteur du mont Royal.

En Dominique Fortier, vous avez une auteure qu’on a envie de lire et relire.

En Dominique Fortier, vous avez une auteure dont on n’a pas fini d’entendre parler.

lundi 6 septembre 2010

Il prend un livre dans ses mains et demande: c’est quoi?



Commençons par une évidence : nous sommes au siècle du numérique.
Enchaînons avec une question inquiétante : viendra-t-il un jour (dans 20 ans, 30 ans ou 50 ans), où un enfant prendra un livre dans ses mains et posera la question fatidique: c’est quoi?
Espérons que dans 50 ans, il restera quelques fidèles ayant conservé des livres imprimés et qui pourront répondre (comme dans le vidéo ci-dessus): c’est un livre!