vendredi 2 avril 2010

"Le monde est un livre..."


« Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas ne lisent qu’une seule page», disait St-Augustin.

Alors lisons.
Alors voyageons.
Alors voyageons en lisant.
Alors lisons en voyageant.

mardi 30 mars 2010

"Miss Pissenlit" maintenant en librairie


Et c'est parti mon kiki: Miss Pissenlit est maintenant en librairie.

La page couverture est signée par un jeune artiste au talent pas piqué des vers: Maxime Archambault.

Extrait du livre

"Un jour, je serai célèbre. Je donnerai des entrevues à la télévision et j’aurai ma face sur un timbre. Des petites filles diront à leur enseignante: « Quand je serai grande, je veux être comme Manouane Denault.»

Un jour, le pissenlit sera célèbre. Plus apprécié que la rose. Plus admiré que l'orchidée. On le portera à la boutonnière, dans les mariages et les soirs de gala. Le pissenlit se multipliera. On le verra partout: au menu des grands restaurants, en tatouages, en bijoux, en image sur les porte-clés. De mal-aimé, le pissenlit deviendra bien-aimé.

Un jour, ma Grande Encyclopédie du pissenlit sera publiée. Les gens s'exclameront : «Fascinante cette fleur! Étonnante cette fille! » Mon Encyclopédie trônera au haut de la liste des best-sellers. Mon nom fera les manchettes. Mon Encyclopédie sera traduite en trente langues. Vendue à des millions d'exemplaires. Je serai riche. Je mangerai des framboises fraîches en hiver. J'habiterai dans un château en Écosse ou dans un palais planté sur une île exotique. Je donnerai une partie de ma fortune aux orphelins africains.

Je sais. Je sais. Je fabule. N'empêche, quand je travaille à ma Grande Encyclopédie du pissenlit, j'oublie tout. La solitude. La rage. Même ma plus fidèle ennemie, la honte."

dimanche 28 mars 2010

Donner ou ne pas donner les gaufrettes: voilà la question


(Photos de Neale MacMillan)

Ça s’est passé le mois dernier mais j’y pense encore.
Et chaque fois que j’y pense, me reviens la même question, le même dilemme.
J’ai eu un élan et je l’ai étouffé.
Une sage décision ou une occasion ratée?
Yo no sé.

La scène se passe à Cuba.
On revient d’une journée loin de la très touristique Varadero, une virée vers l’arrière-pays pour voir la fascinante réserve faunique de Cienaga de Zapata, région aussi connue pour le célèbre fiasco de la Baie des Cochons.

J’y ai vu des flamands roses et des écrevisses bleues.
J’y ai mangé un plat de poisson simple mais d’une fraîcheur inégalable.
La mer a sa robe azurée des jours de soleil et le clop-clop des sabots des chevaux dans ces rues campagnardes me donne envie de chanter.
Sensation de plénitude.
Conscience du luxe que j’ai de pouvoir découvrir les odeurs et couleurs des Caraïbes.

On traverse de petits villages aux allures négligées et surannées, où des enfants jouent au ballon sur des terrains vagues. Sur le siège, à côté de moi, un paquet de gaufrettes au chocolat, à peine entamé. Me vient alors l’Élan.

Et si on arrêtait pour offrir ces gaufrettes aux enfants? Ce sont des gaufrettes importées. Peut-être n’en ont-ils jamais mangées? Je m’imagine déjà leur plaisir de croquer dans cette douceur chocolatée.


Mon conjoint s’y oppose énergiquement: « Tu ne peux pas faire ça. C’est comme leur donner nos miettes. Ça aura l’air d’un geste condescendant. Tu ne connais pas la culture. Ça pourrait les insulter. »

Devant cette analyse qui me semble plausible, je capitule.
Sur le plan intellectuel, les arguments me semblent fondés.
Mais sur le plan émotif, je me rebiffe. Mais voyons, l’intention est pourtant sincère. Pourquoi ces jeunes Cubains (ou leurs parents?) seraient-ils blessés par mon désir de leur faire plaisir?
Finalement, la raison l’emporte sur les sentiments.
L’élan, je l’étouffe.
Et je ne vais pas vers les enfants.

J’ai fini par bouffer moi-même les gaufrettes au chocolat.
Du coup, elles avaient un arrière-goût amer.

***
Pourquoi le geste de donner est-il si complexe?
Si chargé?
Si potentiellement dommageable?
Pourquoi l’élan de générosité vers l’autre ne pourrait-il être simple, dénué de sous-entendus ou de l’inévitable rapport de forces?

***
De retour au pays, j’ai raconté cette non-histoire, cet élan avorté, à quelques personnes.
Dans la diversité des réactions, j'ai découvert l’impulsivité des uns et constaté que le rationnel prime chez les autres. En plus, mon conjoint qui me dit qu'il a changé d'idée... qu'on aurait dû offrir les biscuits aux jeunes.
Mais un commentaire m’a vivement interpellé et m’a ouvert une fenêtre.

Ce commentaire m’est venu d’un individu à l’emploi de cet organisme, donc qui a beaucoup roulé sa bosse dans les pays en développement. Il m’a dit, tout simplement: «Tu aurais dû descendre de la voiture et aller partager les biscuits avec les enfants. »

Partager.
Bien sûr.
Il y a tout un monde entre donner et partager.