vendredi 31 décembre 2010

"À vos espoirs, si grands soient-ils..."



L'espoir, c'est une graine qu'on plante.

Et en ce dernier jour de l'année, je vais vous citer mon chanteur préféré quand j'avais 15 ans:
"À vos espoirs, si grands soient-ils."

Bonne année!

Au plaisir de vous revoir de l'autre côté, en 2011!

mercredi 29 décembre 2010

Ajoutez le chel ou le chucre…


Photo: Healthy Kitchen.

Vous avez envie de vous éclater un peu? D’épater vos amis le dernier jour de l’année? Pourquoi ne pas leur préparer ce gâteau Téquila? Et prenez bien soin de lire la recette jusqu’à la fin…

Ingrédients:
1 tasse d'eau
1 tasse de beurre
1 cuillère à table soda à pâte
1 tasse de sucre
1 cuillère à thé sel
1 tasse de cassonade
1 citron
4 œufs
¼ tasse noix
2 tasses fruits séchés
1 bouteille de Téquila

Préparation: Avant de mélanger les ingrédients, vous assurez de la fraîcheur de ceux-ci. Goûtez à la Téquila. Prendre un grand bol, vérifiez la Téquila encore. Ne prenez surtout pas de chances, versez une tasse de Téquila et dégustez bien. Répéter la dernière étape. Vérifiez que le mélangeur fonctionne bien. Battre une tasse de beurre en ajoutant le sucre progressivement.

La Téquila a tendance à se détériorer lorsqu'elle est ouverte depuis un certain temps, goûtez une demie tasse de Téquila. Et une autre demie tasse juste au cas où. Arrêtez le mélangeur. Battre deux œufs et les ajouter au mélange avec les fruits chèchés. Ramasser les fruits par terre et les ajouter au mélange. Mémarrer le démangeur. Si les fruits se collent aux batteurs, utilisez un tournevis. Vérifiez la talité de la Quéquilla. Ajoutez le chel ou le chucre. Vérifiez la Quéquilla. Éjutez le chitron et prechez les noix. Ajoutez une table. Ouvrir le four. Placez le gâteau au four sans tomber. Arrêtez le mélangeur. Finir la Quéquilla. Jetez le gâteau et nettoyez le comptoir avec le chat.

Et Ponne Tannée 2011!

Source: cette recette m’a été envoyée par Claude Marcil, mon ancien prof de journalisme, un p'tit vif, d'une curiosité intellectuelle insatiable et toujours à l’affut des bizarreries qu’on peut trouver sur la Toile.

Je ne sais pas qui est l’auteur de cette recette. Elle circule en diverses versions anglaises et en français ici.

lundi 27 décembre 2010

Pétillante histoire...


Savourer du chocolat avec un tel abandon qu’on ne pense même pas à s’essuyer le menton. J’adore ce naturel, si adorable, chez les enfants.
La beauté de la jeunesse, c’est qu’elle reste (pour un temps du moins) dépourvue de cette conscience de soi qui paralyse parfois.

Ce petit Xavier au menton chocolaté vient de se régaler de friandises pétillantes préparées par sa non moins pétillante enseignante, Mme Jacynthe. Cette enseignante d'une école primaire de Kingston a organisé pour ses élèves de 2e année une série d’activités autour des Cacahouettes de Babette.

Puis elle a couronné la lecture du roman en fabriquant des chocolats qui pétillent. Pour ceux qui auraient envie de déguster cette douceur inusitée, la recette est ici et c’est simple comme bonjour.

«Qu'ils ont adoré le pétillant de ces chocolats! Je peux vous dire que ce n'est pas juste le chocolat qui pétillait dans leur bouche mais leurs yeux aussi!», m’a écrit Mme Jacynthe dans un courriel enthousiaste.

Ah ces profs qui pétillent! On ne les remerciera jamais assez de faire pétiller les yeux de leurs élèves!

vendredi 24 décembre 2010

Flyé et flamboyant...


Chers amis, lecteurs, visiteurs, blogueurs, etc.

Que votre Noël soit doux et endiablé, riche et épuré, rouge et vert, flyé et flamboyant, apaisant et titillant.

mardi 21 décembre 2010

C’est quoi un vrai cadeau?


Pas fini mon shopping de Noël.
Pas envie de finir mon shopping de Noël.
Pas envie de commencer mon shopping de Noël.
Le plus difficile, ce n’est pas le magasinage comme tel, mais plutôt de savoir quoi acheter à mon chum, mes enfants, mes parents.
Conclusion : s’il faut que je cherche quoi leur offrir, c’est qu’ils n’ont pas vraiment besoin de rien.

Je n’envie pas l’enfance de Kim Thuy, qui a connu la guerre, la misère et le déracinement, mais j’envie ce que cette Vietnamienne a vécu par rapport aux cadeaux. Dans son sublime Ru, elle nous donne la réponse à la question : c’est quoi un vrai cadeau?

“Chaque cadeau que nous nous offrions était réellement un cadeau car il n’était jamais futile. En fait, chaque cadeau était réellement un cadeau puisqu’il provenait d’abord et avant tout d’un sacrifice et était la réponse à un besoin, à un désir ou à un rêve. »
Kim Thuy.
Tel que raconté dans Ru, magnifique récit de vie qui mérite amplement son prix du GG.

dimanche 19 décembre 2010

Se montrer moins charitable et plus juste


J’ai toujours admiré l’idéalisme, l’engagement et la fougue de Pierre Bourgault. Et je trouve que sa disparition a laissé un grand vide dans le paysage québécois de l’activisme et de la dénonciation noble.

En cette période de l’année où l’on donne beaucoup, mais pas toujours les bonnes choses ou pour les bonnes raisons, ce texte de Pierre Bourgault, publié en 1999, n’a rien perdu de sa pertinence.

« Je n'aime pas la charité, mais je m'y fais. Non pas parce que je désespère de voir advenir la justice, mais parce que je sais qu'elle est encore loin et qu'il serait odieux si, en son nom, on laissait les gens crever de faim.

Seule la justice peut éliminer la pauvreté. En attendant, seule la charité peut la rendre un peu moins désespérante. Voyez toutes ces guignolées, toutes ces souscriptions, tous ces paniers de Noël et tous ces carnavals de bienfaisance; c'en est devenu grotesque et pourtant.

Pourtant, il faut tricoter des bas pour garder les gens au chaud en attendant que la justice en fournisse à chacun une douzaine de paires. Il faut remplir un panier de Noël en attendant que la justice nourrisse tout le monde à sa faim. Il faut faire l'aumône à qui tend la main dans la rue en attendant que la justice paie le hamburger chez McDonald. C'est parce que nous ne sommes pas assez justes que nous avons le devoir d'être charitables. »

Pierre Bougault, La Résistance - Vlb Éditeur. p. 166

vendredi 17 décembre 2010

Quand je serai vieille, je veux être comme mon papa…



Mon père a quêté toute sa vie. D’aussi loin que je me souvienne, il a quêté de l’argent pour les autres. Pour les causes auxquelles il croyait. Pour sa communauté. Pour les Franco-Ontariens. Je ne sais pas où il trouvait l’énergie, entre élever huit enfants et ses responsabilités de haut gestionnaire au gouvernement fédéral, pour faire autant de bénévolat. (Heureusement qu’il avait une épouse toute aussi énergique…)

À la fois visionnaire et homme d’action, Gérald Poulin a aidé à créer d’importantes institutions culturelles franco-ontariennes. Si Orléans a aujourd’hui un visage francophone, c’est grâce à l’extraordinaire engagement communautaire de mon père. Il a fait partie des bâtisseurs pour ce projet, celui-ci et celui-là. Pas pour rien qu’on lui a remis l’Ordre de la Pléiade et un tas d’autres médailles et honneurs.

Récemment, je me suis retrouvée dans la position de celle qui devait quêter, c’est-à-dire trouver des commanditaires. Or, quêter, j’haïs ça au point d’en faire de l’urticaire. Même pour une bonne cause, j’ai une forte réticence à demander de l’argent. J’ai même arrêté de faire la guignolée avec mes filles parce que je trouvais ça trop décourageant. Peur de se faire dire non? Aversion au refus? Un peu de ça sûrement, en plus d’une pudeur mal placée…

Mais comme on voulait offrir des prix aux étudiants pour notre concours de bande annonce littéraire, il fallait trouver des commandites. L’équipe a envoyé des courriels à droite et à gauche, mais ça ne répondait pas.

C’est qu’ici que Gérald entre en scène. Mon papa qui a 79 ans, et qui n’avait jamais vu une bande annonce de sa vie, a décidé de nous aider. Il trouvait notre projet intéressant et voulait donner un coup de pouce à ses deux filles, l’auteure qui avait pondu le roman et la chercheure qui pilotait cette recherche-action.

Et l’indécrottable activiste a ressorti son bâton de pèlerin. Mon papa qui a 79 ans est allé faire le tour des commerces de Buckingham, pour trouver des commanditaires. Il a frappé à des portes, rencontré des commerçants pour essayer de les convaincre de donner des sous pour des prix dans le cadre d’un concours de bandes annonces littéraires. Pas évident d’essayer de convaincre un épicier d’embarquer là-dedans! Comme essayer de vendre une lampe de bronzage à un Cubain…

Mais l’inexpugnable Gérald a persévéré. Et il a récolté des dons! Ce n’est ni la quantité, ni l’envergure des dons qui comptent. C’est qu’à 79 ans, il a eu le désir, l’énergie et le cran de le faire.

Vraiment, je vous le dis, je veux vieillir à la façon de mon papa.

mardi 14 décembre 2010

L’humour du soutien-gorge sur la table…



Quand j’ai entendu les applaudissements des ados dans l’auditorium plongé dans le noir, la patate me palpitait. Après la projection des premières bandes annonces, quand les sifflements et les applaudissements des ados ont fusé, j’ai eu le motton dans la gorge.

Car Dieu sait qu’ils ne sont pas faciles à séduire les ados. Et là, ils étaient manifestement séduits. De mon côté, j’étais aussi totalement séduite. Voir leurs images, leurs mots, leurs musiques sur mes idées, mon histoire, mon roman, ben oui, ça venait me brasser les émotions.

Ce Festival de la bande annonce, qui a eu lieu la semaine dernière à l’école secondaire Hormisdas-Gamelin de Buckingham, bouclait en beauté le projet de création d’une bande annonce littéraire, financé par le Coreper. Piloté par une dynamique professeure de l’UQO, ce projet de recherche-action alliait technologie, vidéoclips et lecture, dans le but de stimuler le goût de lire chez les adolescents. Je lui dois d’ailleurs un immense merci à cette chercheure (ma chercheure préférée entre toutes!!!) pour son audace à sortir des sentiers battus, explorer de nouvelles idées et tenter des expériences novatrices.

Voici comment ça s’est passé : sept classes d’étudiants de Secondaire III ont lu Miss Pissenlit. Ensuite, ils ont eu droit à une rencontre avec l’auteure, en l’occurrence, moi. J’ai raconté ici ma peur de les rencontrer et ici tout ce que cette rencontre m’a apporté.

Ensuite, les étudiants ont eu un atelier sur l’écriture de scénario et un autre atelier sur comment utiliser le logiciel MovieMaker. Ils avaient alors toutes les connaissances nécessaires pour créer leur propre bande annonce. Pour les motiver, nous avons organisé un concours avec des prix pour différents aspects de leurs bandes annonces: meilleur son, meilleures images, meilleur scénario, etc.

La bande-annonce ci-haut a remporté le prix du jury et le prix du public. De ce vidéoclip, j’aime l’humour du soutien-gorge sur la table (il faut avoir lu le roman pour comprendre). J’aime la façon dramatique dont la bombe aérosol tombe sur le sol… Je suis impressionnée par l’angle de prise de vue du gâteau au chocolat dans le frigo. Les deux créateurs ont eu l’ingéniosité de mettre une lampe dans le frigo! En moins de 90 secondes, les deux éleves ont capté et transmis l'essence du roman: la révolte de l’héroïne, la complicité avec sa nouvelle amie, l’apprivoisement de l’amour et bien sûr, les pissenlits… Bravo, bravissimo à Maxime Laniel et à Frédéric Larose!

Attention, message pour les enseignants du secondaire!
S'il y a des profs de secondaire qui lisent ce billet et qui sont intéressés par ce projet, l’équipe a créé une SAÉ complète, une trousse pédagogique très riche, avec jeu questionnaire, journal de lecture, modèles de scénario, atelier sur la création d’une bande annonce, webographie, etc. Cette SAÉ est disponible gratuitement. Il suffit de m’écrire un mot et je transmettrai la demande à la chercheure!

Finalement, ceux qui meurent d’envie d’en savoir plus long sur les bandes annonces littéraires, ne manquez pas le prochain numéro de Lurelu, (hiver 2011) car j’y publie un article sur ce qui se fait comme bandes annonces en littérature jeunesse au Québec.

dimanche 12 décembre 2010

jeudi 9 décembre 2010

"Miss Pissenlit" reçoit des fleurs...


Si vous me permettez, je vais me permettre un petit billet d’auto-promotion. J’essaierai de ne pas en faire une habitude, promis-juré-craché.

Alors que les pissenlits dorment désormais sous la neige, deux joyeuses nouvelles m’arrivent coup sur coup au sujet de Miss Pissenlit.

Je reçois ce matin un courriel de Google Alert qui m’avertit que le Montreal Gazette parle de Miss Pissenlit!

“One of my favourite finds this past year for teens is a novel called Miss Pissenlit, by Andrée Poulin. (…) Although this is a story about first love, it has a rough edge to it that teens of both sexes will appreciate. Poulin conjures full-colour characters and suspense-filled plot lines that will keep readers rivetted to these pages.”

Si jamais vous n'avez rien à faire et que vous trouvez le temps long (ah!), l’article au complet est ici.

Mais c'est pas fini! Hier, je reçois ce courriel d’une très sympathique auteure, qui m’indique qu’on parle de mon roman sur le site de Livres Ouverts.

Créé par la Direction générale des Services à l'enseignement du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), Livres Ouverts est une sélection de livres qui vise à développer le goût de lire chez les jeunes.

Sur le site figure un point d’exclamation à côté de la critique de Miss Pissenlit. Après une longue et périlleuse enquête (un clic de souris…) je découvre que le point d’exclamation signifie qu’un « aspect du livre étonne et est particulièrement original et intéressant. »

Et la critique d'écrire:
« L’écriture franche et passionnée entraîne le lecteur dans un récit prenant, jalonné de rencontres et d’expériences marquantes. Les titres imagés de chapitres, les extraits de l’encyclopédie du pissenlit et la langue vivante de la narratrice apportent une touche de légèreté à ce roman qui se termine sur une touche d’espoir. »

Si jamais vous vous ennuyez et que vous n'avez rien à lire (ah!), le texte complet est ici.

Fin de l'auto-promotion.

mercredi 8 décembre 2010

Sous les couvertures


Avec les responsabilités de faire partie d’un Conseil d’administration viennent aussi le plaisir d’imaginer, de créer, de contribuer, de mettre en œuvre. Dans le cas du Salon du livre de l’Outaouais, j’ai le privilège de voir tout ce qui se trame et se tricote en coulisses de cette grande fête du livre.

Le nouveau slogan du Salon, je le connaissais déjà depuis un moment et j’avais bien hâte qu’il sorte en grand jour. C’est fait. Le tout a été annoncé hier en conférence de presse.

Au risque de passer pour nombriliste, chaque fois que je regarde cette affiche et ce slogan, j’ai l’impression qu’ils ont été pensés juste pour moi. Car j’éprouve toujours un pur PLAISIR (doublé d'un petit PLAISIR décadent) à lire au lit sous les couvertures.

Il y aura d’autres nouveautés au prochain Salon du livre de l’Outaouais, d’autres innovations concoctées par une équipe qui pète le feu. Je ne verserai pas dans le syndrome Wikileaks mais je vous le dis, y’a de quoi trépigner d’anticipation…

lundi 6 décembre 2010

Quand on dit Wo, ça veut dire Wo!



Cette vidéo me secoue et me captive pour une kyrielle de raisons :
- l’image saisissante de ce verre de cristal qui brûle
- l’éloquence pittoresque de notre Fred Pellerin national
- la désopilante maladresse de Benoit Brière qui trébuche sur le mot « schiste »
- la force tranquille de Roy Dupuis
- la clarté de l’argumentation
- la preuve faite ici qu’on peut être nuancé tout en étant véhément.
- la beauté de l’engagement de ces artistes

Ce court film à déjà été visionné près de 400 000 fois sur YouTube. C’est vous dire.

Si vous ne voulez pas regarder la vidéo, vous pouvez passer illico à la signature, ici.

vendredi 3 décembre 2010

Pourquoi écrivez-vous? En un mot.



Pourquoi écrivez-vous? En un mot.Telle était la consigne donnée à des auteurs et journalistes américains inscrits à un groupe d’échange virtuel.

Un groupe dont l’acronyme UPOD signifie: «Under Promise, Over Deliver». J’aime bien cette stratégie assez rusée merci. Promettre moins et surprendre en offrant plus.

Donc voici les réponses des écrivains et journalistes. En un mot.Certaines s’avèrent prévisibles. Plusieurs s’avèrent étonnantes.

Pourquoi écrivez-vous?
Espoir
Communauté
Vengeance
Égo
Joie
Liberté
Argent
Thérapie
Célébrité
Libération
Narcissime
Psychose
Parce que
Survie
Contribuer
Passion
Curiosité
Compulsion
Découverte
Épanouissement
Obligation
Démangeaison
Amour

Et vous? Pourquoi écrivez-vous? En un mot?

mercredi 1 décembre 2010

Ce qu’il faut pour terminer un manuscrit en beauté…


Pour quelle raison un petit garçon voudrait-il faire pleurer son papa?
Oui, dites-moi, pour quelle raison?
Je me suis creusé les méninges pendant plusieurs semaines pour la trouver cette raison.

Mais commençons par le début.
Je croyais avoir terminé mon nouvel album, le troisième de la trilogie. Cette histoire devait succéder aux deux précédentes : Mon papa ne pue pas et Mon papa n’écoute pas.

Je croyais avoir rédigé la fin de cette histoire, mais ça c’était avant de la faire lire à une amie auteure. Une excellente lectrice, doublée d’une critique impitoyable. Comme je les aime.

Et ma lectrice me dit : il manque un élément important dans ton texte. On ne comprend pas la motivation du garçon. Pourquoi veut-il absolument faire pleurer son père?

Et j’ai cherché.
Cherché.
Cherché.

Pourquoi le garçon veut-il faire pleurer son père?
Parce qu’il est curieux?
Pas convaincant.
Pour le consoler?
Pas convaincant.
Pour voir si son papa a des émotions?
Pas convaincant non plus.

Comme je ne trouvais pas, j’ai fourré le manuscrit dans un tiroir et je l’ai laissé s’empoussiérer.

Puis, au Salon du livre de Montréal, j’ai placoté de cette embûche avec l’énergique adjointe à l’édition chez Isatis. En plus d’être une passionnée de littérature jeunesse, d’avoir l’esprit vif et la curiosité aiguisée, la dame Rhéa a étudié en psychologie. Elle l’avait le bagage pour me débloquer mon blocage. Elle me lance comme ça, tout bonnement: « Le garçon veut que son papa pleure, car il veut pouvoir lui-même pleurer sans se faire dire: « Un homme, ça ne pleure pas. »
Tope là! Heureusement que Rhéa est là!

Après avoir colmaté cette grosse brèche dans mon intrigue et renforcé ainsi le profil psychologique de mon héros, j’ai balancé de nouveau mon manuscrit dans l’arène de mes amies-critiques. L’une d’entre elles m’a suggéré une rigolote idée pour éviter de pleurer en épluchant des oignons. La deuxième m’a souligné en rouge les passages kétaines. La troisième m’a fermement rappelé à l’ordre quand je sombrais dans la « psycho-pop ».

Non mais qu’est-ce que je ferais sans mes lectrices??? On dit qu’il faut un village pour élever un enfant. Je dis aussi qu’il faut un cercle de lectrices/critiques pour terminer un manuscrit en beauté.

dimanche 28 novembre 2010

Du plaisir de faire plaisir... à sa maman


Ma mère est rendue à ce bel âge où elle ne désire plus de choses. Plus de bébelles. Plus de matériel. Et comme elle n’est ni gourmet, ni gourmande, il faut que je me creuse les méninges pour trouver quoi lui offrir.

Quand j’ai terminé récemment la lecture de Rosa Candida, j’ai eu une intuition, comme un mini éclair: ma mère va aimer ce roman. Ma mère, la jardinière ardente, va aimer comment on parle des fleurs dans cette histoire toute en douceur. Alors je lui ai apporté le livre, dont j’avais parlé dans ma chronique aux Divines Tentations, à Radio-Canada.

Traduit de l'islandais, ce roman de Audur Ava Olafsdottir (non, ne me demandez pas comment on prononce le nom de l’auteure!) raconte les apprentissages d’un jeune homme qui quitte son Islande natale pour se rendre dans un pays jamais nommé. Il s’exile ainsi pour aller restaurer une roseraie célèbre, plantée au milieu d'un monastère. Le héros a promis à sa mère, décédée prématurément dans un accident de voiture, de planter dans cette roseraie la rosa candida, une rose à huit pétales que la maman cultivait dans la serre familiale.

Tout en réalisant son grand projet, le héros découvre l’enchantement de l’amour, les plaisirs de la paternité et les joies de faire la cuisine. À la foi candide et pur, le jeune homme se pose les grandes questions existentielles: comment trouver sa place dans ce monde? Comment donner et recevoir de l’amour? À la fois drôle, poétique et rafraîchissant, ce roman paisible est à classer dans la catégorie des livres qui font du bien.

Pas pour rien que le livre était finaliste au Prix Fémina et qu’il se retrouve maintenant finaliste au Prix des libraires, dans la catégorie «Roman hors Québec».

Lorsque j’ai revu ma mère, quelques semaines plus tard après lui avoir donné le livre, elle m'a dit, d’un ton emballé: «Je l’ai lu! C’est bon! C’est tellement bon!»
À l’excitation dans son ton, à la vigueur de son enthousiasme, j’ai compris qu’elle avait vraiment aimé et qu’elle ne disait pas ça par simple politesse.

Et je jubilais! Et ma petite voix intérieure me répétait, comme un refrain joyeux: «Ma mère a aimé Rosa candida! Ma mère a aimé Rosa Candida

Petit bonheur de savoir que ma mère avait admiré et apprécié un livre que moi-même j’avais admiré et apprécié.
Petit bonheur d’avoir eu l’intuition (comme une victoire), qu’elle aimerait ce livre hors de l’ordinaire.

Même quand on a soi-même des cheveux blancs, on veut encore faire plaisir à sa maman…

vendredi 26 novembre 2010

Ne plus savoir comment ouvrir un livre...



Quand j’ai acheté mon téléphone cellulaire, il m’a fallu un "certain temps" pour apprendre comment l’ouvrir, l’allumer et m’en servir.
Est-ce qu’un jour, ce sera la même chose pour un livre?
Si oui, quand? Demain? Dans dix ans? Dans vingt ans?

mardi 23 novembre 2010

Éteins ton cellulaire


(Illustration: Jean Morin)

Au Salon du livre de Montréal, j'ai donné une animation sur mon album Mon papa n’écoute pas.
Animation au titre un brin provocateur: Éteins ton cellulaire.
Un titre approprié, puisque l’album en question porte sur l’envahissement du cellulaire dans nos vies.

Pour faire rire mon public et pour faire une petite démonstration du thème de l'album, je suis montée sur scène avec mon téléphone cellulaire. Je m’étais arrangée pour planter une complice dans l’auditoire (ma fille), qui m’a appelée trois fois durant l’animation. Et qui a fait sonner la sonnerie de son téléphone à deux reprises. Exprès. Pour montrer à quel point le cellulaire peut s’avérer importun.

Après l’animation, ma fille vient me trouver et, toute indignée, me raconte ce qui lui est arrivé durant ma présentation:

« Quand j’ai fais sonner mon téléphone la deuxième fois, une madame s’est tournée vers moi et m’a dit sur un ton agressif: « Il serait temps que tu l’éteignes! »

Et vlan.
Quand la blague est trop flagrante, il arrive qu’on passe à côté.

lundi 22 novembre 2010

Ce qui rassure et ce qui fait plaisir...


Tourbillon, tourbillon, tel était mon Salon du livre de Montréal ce weekend. Rencontres, discussions, échanges, court à droite, signe à gauche. Beaucoup de stimulation et un peu de frustration. Trop de monde à voir. Pas le temps, pas le temps, de parler comme il faut, lentement, à tous les amis, auteures, auteurs, illustrateurs que j’ai croisés.

Tout de même, un tas de petits événements m’ont fait grand plaisir. Et m’ont rassurée.

L’enseignante qui « enseigne » même le dimanche…
Vous en connaissez beaucoup des enseignantes qui amènent leurs élèves au Salon du livre un dimanche matin? Ben moi, j’en connais une. Une amie d’une amie qui est aussi un peu mon amie. Je l’ai revue ce dimanche, traînant à sa suite deux de ses élèves, des garçons de 10 ans dont les parents ne pouvaient les amener au Salon parce qu’ils sont propriétaires d’un dépanneur et qu’ils travaillent le weekend.

Toujours prête à relever un nouveau défi, Geneviève a accepté de tester mon prochain manuscrit, que je me suis vaguement engagée à terminer en décembre. Chère Geneviève, sais-tu à quel point c’est emballant de voir une enseignante aussi passionnée par sa profession? Aussi passionnée par la littérature jeunesse?
Ouais, ça me fait grand plaisir.
Et ça me rassure.

Mon maire à moi, il lit…
Quand je l’ai vu au Salon, le maire de ma ville n’avait pas l’air d’un maire, mais d’un lecteur. Il avait acheté des livres. « Pour les enfants », qu’il m’a dit.
Marc Bureau s’est arrêté à la table où je signais. M’a demandé sur quoi je travaillais en ce moment. M’a dit qu’il préférait « notre » Salon, (celui de l’Outaouais) car il était moins gros et plus chaleureux. Bien d’accord avec vous M. Bureau.
J’étais ravie de voir que le maire de ma ville s’intéresse assez aux livres pour faire quatre heures de route pour venir au Salon du livre de Montréal. Ça m’encourage de savoir que certains politiciens lisent
Ouais, ça me rassure.

Souper des auteurs
C’est en voie de devenir une tradition ce souper d’auteurs jeunesse. Un rendez-vous à ne pas manquer. Une soirée pour chialer, rigoler, se défouler. On était une douzaine de femmes et cette année, pour la première fois, deux courageux illustrateurs ont osé se joindre à nous. On a chialé, on a rigolé et on s’est follement défoulé. On s’est même échangé nos livres. Et on s’est promis de récidiver.
Ouais, ça m’a fait grand plaisir.

Quand les auteurs se mobilisent
J’en reparlerai plus longuement prochainement, mais les auteurs jeunesse se mobilisent afin de protester contre les coupures et autres incohérences qu’on fait présentement subir au programme Culture à l’école.
Convoqué à la dernière minute, nous étions une quinzaine (surtout des auteurs, mais deux éditeurs : yé!), samedi matin, pour discuter de protestation et de mobilisation. J’aime voir les étincelles de l’activisme dans les yeux des écrivains. J’adore voir la fougue et les élans de ceux qui n’ont pas peur de se lancer dans la bataille. So-so-solidarité!!!
Ouais, ça me rassure.
Et ça me fait grand plaisir.

Pleurer d'avoir raté son auteur préféré...
Finalement, cette anecdote, qui ne me concerne pas, mais qui m’a enchantée. Un petit garçon se présente au stand de Québec Amérique pour faire signer un livre d’Alain M. Bergeron. Sauf que le pôvre Alain, malade comme un chien, est rentré dans ses terres. Il ne pourra pas signer le livre en question. Et le petit garçon d’en avoir les larmes aux yeux. Les livres – et leurs auteurs - peuvent donc encore inspirer beaucoup de passion.
Ouais, ça me fait grand plaisir.
Et ça me rassure.

vendredi 19 novembre 2010

N'ayez pas peur d'approcher les écrivains: ils ne mordent pas


Si vous vous promenez au Salon du livre de Montréal ce weekend et que vous voyez un écrivain qui s'ennuie à sa table (ce qui n'est pas rare), n'ayez pas peur de lui faire un brin de jasette. Les écrivains mordent parfois leur stylo, mais jamais un lecteur potentiel.

Vous comptez faire un saut au Salon ce weekend? Rien ne me ferait plus plaisir que de vous serrer la pince. Mon horaire ressemble à ceci:

Samedi
- 10h - 11h Miss Pissenlit Québec Amérique Stand 232
- 11h45 Animation sur la scène de l’Agora Van Houtte.
Éteins ton cellulaire! (6 à 8 ans) Animation sur mon album Mon papa n’écoute pas
- 12h30 à 13h30 Mon papa n’écoute pas! Isatis Stand 117
- 15h à 16h La classe de madame Caroline Dominique et Compagnie Stand 137
- 16h à 17h La corde à linge magique Imagine Stand 213

Dimanche
- 10h à 11h Miss Pissenlit Québec Amérique Stand 232
- 11h30 à 12h30 La corde à linge magique Imagine Stand 213
- 13h à 14h Mon papa n’écoute pas! Isatis Stand 117

mercredi 17 novembre 2010

Les joies intenses nous rajeunissent…


Il y a longtemps que Noël ne m’excite plus.
Au risque d’avoir l’air blasée, il n’y a plus beaucoup d’événements, à mon âge, qui me donnent cette trépidation que je ressentais, petite fille, la veille de Noël.
C’est qu’elle était forte, quand j’avais huit ans, l’effervescence du 24 décembre.
Avec ce désir fou de chanter à tue-tête.
Cette fébrilité émue.
Cette euphorie qui engendrait une joyeuse insomnie.

J’ai publié plus d’une vingtaine de livres.
Chaque fois que j’ai un nouveau manuscrit est accepté, je soupire de soulagement.
Ouf. Je peux encore.
Puis je me réjouis.

Récemment, j’ai reçu un OUI sur un manuscrit.
Ce OUI ressemblait à un 24 décembre de mon enfance.
Pour une histoire à laquelle je tenais beaucoup.
Un texte qui avait d’ailleurs essuyé quelques refus.
Et qui a été finalement accepté par une maison d'édition où je n’ai jamais publié auparavant.
Une maison d'édition qui fait de superbes albums.


Cent bonhommes de neige. Tel sera le titre de ce nouvel album.
Et l’illustratrice a commencé les esquisses.
Et me voilà redevenue petite fille à la veille de Noël.
Avec ce désir fou de chanter à tue-tête.
Secouée par une fébrilité émue.
Agitée par une euphorie qui a engendré une joyeuse insomnie.

Et je redécouvre, avec un étonnement ravi, comment on se sent jeune quand on vibre…

lundi 15 novembre 2010

De vieilles (mais précieuses) confitures


Je venais de terminer mon animation à la bibliothèque publique de Blackburn Hamlet devant trois classes d’enfants gentils-polis-jolis. Comme ça arrive souvent, il y en avait une douzaine autour de moi. L’un venait me poser une question, l’autre voulait un signet ou me raconter l’histoire qu’elle avait écrite…

J’ai remarqué la dame qui attendait à l’arrière. Elle tenait un sac dans les mains. Elle a patiemment attendu que j’ai signé tous les signets, parlé aux profs et aux parents. À la fin, quand il ne restait plus personne, elle s’est approchée. Elle a ouvert le sac et m’a tendu un pot de confitures maison en me demandant :
- Reconnaissez-vous l’écriture ?

Même si je n’avais pas reconnu l’écriture, l’étiquette disait tout.
C’était un pot de confitures fabriquées par ma tante Huguette.
Huguette : la sœur de mon père, qui avait enseigné aux adultes.
Huguette : une ancienne religieuse, sévère pour deux et généreuse pour trois.
Huguette : décédée en 2003.

- Mais… mais pourquoi avez-vous gardé le pot toutes ces années?
- Votre tante a été mon enseignante. On avait gardé contact. Elle était spéciale, a-t-elle répondu.

Je voyais que la dame était émue.
Elle a insisté pour que je garde le pot de confiture.
J’étais moi-même un peu remuée.
Et émerveillée de constater qu’il y a des enseignantes qui marquent à ce point leurs élèves.

J’ai couru chez nous avec une seule envie: appeler mon père au plus vite pour lui raconter cette histoire.
Pour lui rappeler que sa sœur avait été une enseignante appréciée.
Et que sept après sa mort, une de ses étudiantes pensait encore à elle.

jeudi 11 novembre 2010

Sentinelles de la mort


C’est que voyez-vous, la « bouteille » jaune avait l’air d’un jouet et brillait comme de l’or au soleil. Et quand on est un petit Ahmad curieux, champion de l’équipe de foot du village, on ramasse la «bouteille» jaune. Et quand la «bouteille» explose, arrachant le pied et la jambe du garçon, on comprend que le petit Ahmad ne jouera plus jamais au soccer.

Dans une histoire d’une simplicité admirable et d’une grande puissance, Angèle Delaunois raconte les ravages causées par ces «sentinelles de la mort»: les bombes à sous-munitions.
Largué par un avion ou tiré par l’artillerie, la bombe à sous-munitions (cluster bomb) est une sorte de conteneur qui s’ouvre et disperse des sous-munitions (de petites bombes). Le drame, c’est que de 5 à 30% des sous-munitions n’explosent pas à l’impact.
Imaginez la suite.
Imaginez les milliers de petits Ahmad jetés dans la ronde infernale de l’amputation/réhabilitation.

Par un mélange saisissant de photos, de dessins, d’aquarelles et de collages, l’illustratrice de La petite bouteille jaune, Christine Delezenne, réussit à suggérer l’horreur sans toutefois être trop explicite.

Angèle Delaunois étant une écrivaine formidablement engagée, une partie des droits d’auteur sera versée à Handicap International, qui lutte pour la suppression des bombes à sous-munitions, travaille au déminage dans les pays touchés et apporte du soutien aux milliers de civils touchés.

Je parlerai samedi matin de cet album publié aux éditions de l'Isatis, à l’émission les Divines Tentations de Radio-Canada.

Y’a pas que le Jour du Souvenir pour se rappeler que la guerre, c’est une sale affaire. On peut protester contre les « sentinelles de la mort », en cliquant/signant ici.

mardi 9 novembre 2010

Pour aller plus loin, il faut y mettre les moyens $$$$


Son message était plaintif et poli, insistant un peu, mais pas trop. Elle était bien consciente, l’enseignante, de ce qu’elle me demandait… Et je l’ai trouvé courageuse de le demander.

De plus, c’était la deuxième année de suite que cette enseignante de la région de Montréal m’envoyait le même courriel. La deuxième année de suite qu’elle lisait la description de mon atelier dans le programme du Congrès annuel de l’Association québécoise des enseignants du primaire (AQEP), qu’elle voulait y aller et qu’on lui disait non. Pas d’argent.

Voici ce que cette enseignante m’a écrit: « Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, mais je vous ai déjà écrit concernant votre atelier « Jeux et activités pour donner la piqûre de la lecture à vos élèves.» J'ose encore une fois vous refaire la même demande. En fait, j'aurais aimé assisté au congrès de l'AQEP, mais mon école ne veut pas payer une partie des frais et je ne peux pas absorber tout. J'ai aussi demandé à ce que vous veniez dans mon école, mais on me dit que cela n'est pas le besoin de tous les enseignants... Bref, je sais que vous êtes débordée, mais je me suis dit que si je ne tentais pas à nouveau, je ne le saurais pas. Je pourrais vous téléphoner et on pourrait parler quelques minutes au sujet d'une ou de deux activités amusantes pour animer un livre. Mais si cela n'est toujours pas possible pour vous, je comprendrais. »
Et l’enseignante de conclure, très humblement : « Je ne veux pas être « tannante» et vous déranger encore, mais simplement savoir si vous êtes plus disponible. »

Quoi dire? Quoi répondre? J’ai beaucoup d’admiration pour l’engagement de cette enseignante, pour son désir de se perfectionner, mais je ne peux quand même pas lui présenter des extraits de mon atelier au téléphone. Je lui ai donc platement suggéré d’aller dans la section « Vive les profs » de mon blogue, où elle trouverait des idées d’animation de lecture. Je sais, je sais, c’est un pis-aller. Mais bon.

La semaine dernière, après avoir donné mon atelier au congrès de l’AQEP, j’ai parlé du courriel de cette enseignante à une conseillère pédagogique. Devant mon indignation à l’effet qu’on ne facilite pas toujours le perfectionnement professionnel pour les enseignants qui en expriment le désir, la conseillère pédagogique m’a répondu sur un ton aussi diplomate que laconique : « C’est une question de priorités vous savez… »

Ironiquement, le thème du congrès de cette année était « Vivre ma profession, pour aller plus loin ». Si on ne donne pas aux enseignants les moyens pour aller plus loin, si on n’investit pas dans leur ressourcement, ils sont condamnés à faire du sur-place… Et après, on ira se plaindre du taux de décrochage chez les jeunes…

dimanche 7 novembre 2010

Une fille de 12 ans n’est pas une femme…



Quelle inventivité dans ce dessin animé!
Suffit de quelques coups de crayon, d’un trait qui s’étire ou qui rapetisse pour que l’on passe de l’espoir au désespoir.
J’aime la façon dont le mot éducation éloigne la fillette des griffes noires du proxénète…
Dire qu’il suffit de quelques années de plus (qu’on la marie à 18 ans plutôt qu’à 12 ans…) pour faire une énorme différence...

Pour un portrait encore plus global et voir d'autres fabuleuses vidéos, cliquez ici.

jeudi 4 novembre 2010

Résister aux sirènes de la procrastination…


«D’après les experts, le iPad va révolutionner la façon dont les gens procrastinent.»
Tel que raconté par David Letterman.

Andrée, répète après moi, répète 10 fois, 20 fois, 30 fois: le iPad tu n'achèteras pas.

mardi 2 novembre 2010

C’est beau de voir vibrer un ado…


J’avais 15 ans lorsque le romancier Yves Thériault est venu présenter une conférence à mon école secondaire. Comme j’étais bonne en français (et probablement un peu téteuse), on m’avait demandé de préparer le discours de bienvenue pour accueillir l’auteur d’Agaguk. Je me suis préparée soigneusement, avec tout le zèle de l’élève qui veut plaire.

Après la visite de Thériault à notre école, j’étais retournée l’écouter le même soir, tandis qu’il donnait une causerie à la bibliothèque publique d’Orléans. J’étais assise à la première rangée et personne ne m’aurait fait décoller.
C’était ma première rencontre avec un écrivain en chair et en os.
J’écoutais de toutes mes oreilles.
J’avais apporté ma liste de questions.
J’étais jeune, appliquée et ardente.
J’avais 15 ans, les livres me faisaient vibrer et j’idéalisais l’acte d’écrire.

Ces souvenirs me sont revenus la semaine dernière, quand j’ai rencontré Mélodie, à la polyvalente Hormidas-Gamelin. Cette étudiante de Secondaire III m’avait écrit un mois avant ma visite à la polyvalente. De beaux courriels, bien structurés, grammaire impeccable, aucune faute d’orthographe. Elle avait lu mon roman et voulait faire une entrevue avec moi pour le journal de l’école.

Quand je l’ai finalement rencontrée, Mélodie était exactement comme je l’imaginais. Sérieuse, intense, zélée et surtout, passionnée de lecture. Elle est arrivée très bien préparée, avec ses questions imprimées, sa mini-enregistreuse (j’espère qu’elle ne l’avait pas achetée pour l’occasion). Elle a noté soigneusement mes réponses. Je la sentais timide mais s’efforçant de sortir de sa coquille.

Je l’ai trouvé jeune, appliquée et ardente. Elle avait encore toutes ses illusions sur la création et je lui ai envié, un tout petit peu, cette fraîcheur du regard, cette confiance fiévreuse en l’avenir.

C’est beau de voir les ados vibrer sur le seuil de leurs ambitions.

dimanche 31 octobre 2010

Je n’ai plus peur des ados


Je croyais devoir affronter des loups mais j’ai jasé avec des agneaux.
J’avais peur qu’ils me bouffent toute ronde et toute crue
C’est moi qui ai dû les apprivoiser.
Même pas eu besoin d’avoir recours à l’arme ultime, suggérée par Andrée-Anne: leur faire bouffer des pissenlits s’ils étaient impolis.

Impolis, ils ne l’ont pas été une miette. En fait, les étudiants de français Secondaire III de la polyvalente Hormidas-Gamelin m’ont étonné par leur intérêt courtois, leurs questions réfléchies et leur réserve. Je me serais attendu à plus d’impulsivité, d’arrogance, de « m’as-tu-vu », de « je-sais-tout-et-tu-ne-sais-rien-parce que tu-n’as-plus-20-ans"…

En fait, leur docilité m’a un peu étonnée. Je m’attendais à plus de feu et d’ébullition mais peut-être que cette image clichée de l’ado n’a plus sa raison d’être? Peut-être qu’après l’âge de 12 ans, une fois que les jeunes entrent dans les fameux « teen », ils perdent cette belle impulsivité qui m’enchante chez les enfants du primaire.

Alors, voilà, mon baptême du feu, mes premières animations avec des élèves du secondaire, se sont déroulées dans l’harmonie et la bonne humeur, agrémentée de quelques rires et quelques petits élans d’enthousiasme chez ces ados qui font parfois bien attention de ne pas montrer leurs sentiments…

Jargon
Les étudiants de Secondaire III de Buckingham m’ont appris une nouvelle expression : le champ lexical. Selon Wikipédia, il s’agit d’un « ensemble théorique de noms, de substantifs, d'adjectifs et de verbes appartenant à une même catégorie syntaxique et liés par leur domaine de sens. »
Selon les étudiants, ça sert à trouver des idées pour bâtir son histoire.
Non mais qui a dit que les ados n’avaient pas de culture?!
L'illustration que vous voyez au haut de ce billet est d'ailleurs mon propre champ lexical sur les ados... que j'ai créé grâce à un petit logiciel très rigolo. Mais ça c'est une autre histoire que je vous raconte bientôt...

Dieu
Il y a quelques années, quand les jeunes ont commencé à s’exclamer « C’est écoeurant! », il m’a fallu un certain temps pour comprendre qu’ils voulaient dire « C’est fabuleux, formidable, fantastique… »
Cette semaine, j’ai appris une nouvelle expression dont les jeunes se servent, du moins à Buckingham (Québec) : «C’est Dieu!»
- Hein? Quoi? que j’ai fait, en insistant pour que le grand jeune homme répète.
Il n’a pas voulu répéter, car il était trop gêné. Mais son voisin de pupitre de m’expliquer :
- Si tu manges des bonbons et que tu trouves ça bon, tu dis «c’est Dieu».

Si Jésus (Dieu) entendait ça, il se retournerait dans sa tombe, s’il n’en était pas déjà sorti.

Sexe
Les ados aiment qu’on leur parle de sexe. Vous me direz, ben oui, c'est une évidence, mais je l'ai constaté en personne cette semaine. Dès que j’ai commencé à leur raconter comment certaines lectrices du manuscrit de Miss Pissenlit m’avaient dit qu’il n’y avait pas assez de sexe dans l’histoire (ma sœur) et d’autres m’avaient dit qu’il y avait trop de sexe (ma mère…) j’en ai vus plusieurs se redresser sur leur chaise. De ce côté-là, les filles s’assument plus que les garçons. Certains gars ont fait semblant de trouver le "french kiss" dégueulasse, tandis que les filles, plus honnêtes, m’ont clairement dit que je ça ne se faisait pas de finir un roman pour ados sans que le couple s’embrasse…

Argent
Ils ont tous été estomaqués par les droits d’auteur. «C’est VRAIMENT pas payant!" s’est exclamé un jeune, outré. Bien d’accord avec toi, jeune homme. Ce n’est pas «Dieu» pantoute.

Et voilà.
Mes premiers ateliers avec les ados sont déjà derrière moi.
Pas de quoi paniquer...
Je peux maintenant faire un crochet dans ma liste des nouvelles expériences : donner sans flageoler un atelier de 75 minutes à 30 jeunes de 14-16 ans…
Je le dis avec un brin de fierté : je n’ai plus peur des ados.

mardi 26 octobre 2010

Les ados aiment notre fragilité…



Si j’avais une robe comme celle-là, il est certain que je la porterais cette semaine.
Car voyez-vous, j’ai peur.

Cette semaine, je vais donner mes premières animations dans une école secondaire, pour mon roman Miss Pissenlit.
Je fais des animations d'auteure depuis plus de 8 ans, dans les écoles primaires. À en juger par les réactions des jeunes et des enseignants, je me débrouille plutôt bien. Mais cette semaine, pour la première fois, je devrai faire des ateliers avec des jeunes du SECONDAIRE.
Et les ados… euh… les ados me font PEUR!
Peur de ne pas savoir comment leur parler, les intéresser.
Peur de leur indifférence, de leur jugement, de leur carapace.
Peur qu'ils me trouvent vieille (à leurs yeux, je le suis!)
Peur de me sentir vieille.
Etcétéra, etcétéra...

Mon amie et auteure, Andrée-Anne Gratton, à qui je confiais mes craintes, m’a donné le conseil suivant : « Apporte un bouquet de pissenlits, et dis-leur que le premier qui fait quelque chose de déplacé, tu lui fais bouffer un pissenlit! »

Mais des pissenlits à la fin octobre, il n’en reste plus beaucoup dans les pelouses!!!

Mon ami et auteur Camille Bouchard (je ne veux pas être accusée de «name-dropping», mais il faut bien que rende à César ce qui revient à César), qui a une longue expérience des animations dans les écoles secondaires, m’a généreusement prodigué quelques conseils:

« Tout d'abord, il y a une grande différence entre les groupes d'âges. Les élèves de secondaire 1, par exemple, sont encore un peu bébés avant les Fêtes. Donc, ils n'essaient pas encore de jouer les gros durs. Avec eux, c'est gagné d'avance», affirme Camille.

« Ça se corse en secondaire 2 et ça devient plus « toffe » en secondaire 3. Ils jouent les durs et même si la rencontre les intéresse, ils ne veulent pas montrer à leurs chums qu'ils te trouvent intéressante. Avec eux, on a toujours l'impression d'être ennuyeux alors que souvent on les captive. Difficile alors d'ajuster notre présentation, car on ne sait pas à quel moment ils accrochent vraiment. Mais il y en a toujours 5-6 qui se manifestent, alors concentre-toi sur eux. Les autres, même s'ils donnent l'impression de ne pas être emballés (un va dormir sur son bureau, l'autre va « s'effoirer » contre le mur du fond, les yeux au plafond, un autre fixera le dehors...), tu sauras qu'ils suivent aussi bien que ceux qui te regardent avec leur air intéressé. »

Les élèves de secondaires 4 et 5, c'est assez facile ; ce sont quasi des adultes. Ils ne jouent plus les durs. Considère-les comme des adultes et ils t'en seront reconnaissants. Ils te manifesteront leur intérêt. »

Et le Dr. Camille de conclure en disant : « Tu vas les accrocher sans même t'en rendre compte, surtout si tu es insécure et nerveuse, car cette fragilité, ils la sentent et ça nous rend humains à leurs yeux, moins "intellos", plus proches d'eux, quoi.»

«Les ados aiment notre fragilité.» Tiens, j’aime bien cette idée à laquelle je n’avais jamais songé (et qui pourrait m’être utile avec mes propres ados.) À bien y penser, moi aussi j’aime les gens qui osent afficher leurs incertitudes et leur vulnérabilité. Je trouve ça beaucoup plus sexy que l’arrogance, plus agréable que la grosse tête qui ne passe plus dans la porte…

Alors cette semaine, devant les élèves de Secondaire 3 de l'école Hormisdas-Gamelin, si j’ai la voix qui tremblote et les jambes flageolantes, je ne le cacherai pas.
On verra bien si la théorie de Camille fonctionne.
À suivre…

dimanche 24 octobre 2010

On ne s'ennuie pas au Manitoba...



N’est-ce pas qu’ils sont beaux, les ours du Manitoba? Je les ais vus, ceux-là, dans un petit parc près de la rivière Rouge, en plein cœur de Winnipeg. Des ours de béton aux couleurs chatoyantes, créés par des artistes manitobains dans le but de lever des fonds pour le cancer.

Je me suis promenée sur le sentier qui longe la rivière Rouge, où j’ai vu de grasses outardes se laisser dériver paresseusement au fil du courant. J’en ai même croisées sur mon sentier, de ces dames ailées, pas le moindrement intimidées par les randonneurs. C’est même moi qui ai dû leur céder le sentier. Dis-donc, elles ne partent plus pour le Sud nos belles bernaches?



Quant à moi, je reviens d’un voyage-éclair à Winnipeg, afin d’y donner un atelier sur « Comment animer la lecture en classe » dans le cadre de la Conférence pédagogique annuelle des enseignants francophones du Manitoba. Conférence organisée avec une efficacité remarquable par une équipe joyeusement accueillante. Chapeau à Ariane, Mme Lise et M. Mario et les autres…

Se battre pour parler français
En deux jours à peine, j’ai eu un bel aperçu de l’énergie et de la passion que les enseignants manitobains mettent à préserver le français. Et le combat n’est pas facile au Manitoba… À preuve, ces deux titres d’ateliers : « Bâtard, les élèves parlent pas français! » et « Au secours! Dites-le moi en français s.v.p.! »

L’Acadie à Saint-Boniface…
C’est d’ailleurs sur la préservation du français que portait la conférence d’ouverture du congrès, donnée par Jean-Guy Moreau. À 67 ans, cet humoriste n’a rien perdu de son talent d’imitateur, même si sa mémoire lui fait parfois défaut. Il nous a offert une impressionnante rétrospective de l'histoire de la chanson francophone, avec 40 extraits de chansons en six minutes. Un tour de force.
Plus tard, lors d’un souper au resto avec d’autres participants au congrès, Moreau nous a raconté comment il avait été impressionné par l’acteur français Philippe Noiret, qu’il jugeait un homme sage, éminemment heureux et d’une modestie remarquable. Ce qui m’a fait sourire. Car durant tout ce repas, Jean-Guy Moreau a tellement parlé de lui, de ses expériences, de ses rencontres, qu’il a laissé la moitié de sa nourriture dans son assiette.

Bon prince, Jean-Guy Moreau a tout de même accepté, à la fin du repas, de faire pour nous sa seule et unique imitation d’une femme. Et là, dans un resto italien de Saint-Boniface, il nous a offert un monologue à la fois rigolo et tragique sur les origines des mots giguer et turluter. Un monologue rendu avec intensité dans les tons si chantants de la langue de l’Acadie. Et ce soir-là, dans un resto italien de Saint-Boniface, nous avons eu avec nous pour quelques minutes : la Sagouine.



Quand un directeur d’école s’assoit sur les bancs d’école…
Je me suis déjà plainte ici des directeurs d’école, qui semblent toujours trop occupés (et je sais très bien qu’ils sont débordés!) pour s’occuper de la lecture, qui constitue pourtant la pierre d’assise de l’éducation.

Or, dans l’atelier sur la lecture que je donnais à la Conférence pédagogique, j’avais un directeur d’école. Ce M. Julien, qui me semblait être un bon vivant, je l’ai approché à la première pause, pour lui demander d’être mon « assistant » pour une petite animation rigolote.
- Vous me dites « assistant » mais j’ai l’impression que je serai plutôt une victime, a-t-il répondu.
C’est qu’il était futé ce M. Julien. On ne pouvait rien lui cacher. Il a tout de même accepté de bonne grâce. Et moi, par politesse, je lui alors demandé à quel niveau il enseignait.
- Je suis directement d’école, qu’il m’a répondu.
Et moi, en toute impolitesse, je me suis exclamée : Pas vrai?! Dans toutes mes années de fréquentations scolaires, j’ai si peu l’habitude de voir des directeurs d’école prendre le temps de s’occuper de pédagogie, que j’en suis restée baba.

Durant l’atelier, M. Julien a gentiment accepté de se transformer en Babette et de se mettre sur la tête une perruque, des couettes-pantalons et une machine à faire pousser les cheveux. Voilà un directeur qui n'a pas peur du ridicule.

M. Julien est resté toute la durée de mon atelier : 3 heures!
Et je le voyais prendre des notes.
Et à la fin de l’atelier, il est venu me voir et m’a dit, d’un ton excité : « Votre activité avec la corde à linge, je vais l’adapter pour les élèves en sciences, et votre suggestion de lectomaton, je vais l’adapter pour que les plus vieux lisent aux plus petits… Etcétéra.

Son enthousiasme faisait plaisir à voir.
J’étais tellement ravie de son intérêt que je l’aurais embrassé, mais avec les directeurs, vous savez, mieux vaut s’en tenir au protocole…
Merci M. Julien, merci Monsieur le directeur, pour votre belle passion pour l’éducation et pour votre désir de donner le goût de lire…

jeudi 21 octobre 2010

Comme j'ai bien fait d'écrire que je babounais... OU Retour sur Marie-Aude Murail


Qui aurait cru que le mot babouner pouvait être aussi puissant? Hé oui. Il a suffit que j’écrive « je baboune » sur ce blogue pour qu’aussitôt, mes amis, les virtuels ainsi que les "en chair et en os", se manifestent.

Retour donc, sur le sujet Marie-Aude Murail, pour vous montrer la puissance du mot babouner et la générosité de mes copains. Merci les ti-namis!
Retour sur Marie-Aude Murail, pour partager avec vous ce que j’ai appris et pour titiller votre goût d’aller la lire.

Bon, alors devant mes lamentations, où je me plaignais à haute voix et sur la Toile entière d’être dans l’impossibilité d’aller écouter la conférence que mon auteure préférée donnait à Montréal, voici comment mon entourage a réagi:

- Mon conjoint a proposé de me conduire à Trois-Rivières (4 heures de route) pour aller écouter la célèbre auteure française. Sa proposition était très sérieuse, mais malheureusement la date de la conférence de M-A. Murail était déjà passée.

- Toute aussi généreuse, une blogueuse de ma région, Claude L, m’a dit qu’elle m’aurait conduite à Montréal. « Juste pour voir ton sourire de contentement », qu’elle m’a écrit. Devant tant de gentillesse, je fondais.

- Un ami de longue date (ça remonte à nos années en résidence à l’U. Laval), que je n’ai pas vu depuis des lustres, a suggéré à quelqu’un de filmer l’auteure en conférence. Dans son appel à tous, il a exprimé son inquiétude de l’impact de mon babounage sur les enfants: « Peut-être quelqu'un avec un caméscope pourrait te ramener un peu de concentré d'entrevue...chose que je ne peux faire, étant moi-même coincé...Pour que tu arrêtes de faire la baboune et risques ainsi de faire peur aux enfants... »

- Une amie/auteure de Toronto, Mireille Messier, m’a envoyé le lien vers Radio Ville-Marie, de façon à ce que je puisse écouter l’entrevue qui donnait l’auteure de Simple.

Avec son humour inimitable, une collègue-auteure, Carole Tremblay, m’a écrit : "À défaut de pain, tu peux prendre une bouchée de cette galette." Et elle m’a fait cadeau d’un lien vers une vidéo où Marie-Aude Murail explique comment et pourquoi elle a écrit la biographie de Charles Dickens.
Et c’est pas fini! Le meilleur reste à venir!


Mon amie et auteure, Andrée-Anne Gratton, est allée écouter Marie-Aude Murail à la Bibliothèque du Plateau Mont-Royal. En plus de me rapporter un livre dédicacé (yes!), elle m’a appelée ensuite pour me raconter l’expérience. Et j’étais émue qu’elle ait été émue par Marie-Aude Murail. Et j’étais ravie d’avoir fais une convertie!

Une nouvelle amie virtuelle et bientôt nouvelle auteure, (ah, les bénéfices de bloguer…) Julie Pellerin, a eu la générosité de m’envoyer un beau compte-rendu écrit de la conférence de Marie-Aude Murail à Trois-Rivières. J’ai choisi pour vous les extraits les plus juteux. Les voici donc, tels que relatés par Julie.

Jean amoureux de Jésus
Le livre Jésus comme un roman a été une commande de Bayard. À un autre moment, Marie-Aude Murail aurait sans doute refusé, mais lors de cette période de sa vie, elle vivait le deuil de sa mère. Au début, elle a pensé raconter du point de vue de Jean, l'ami fidèle toujours collé sur Jésus (elle a souligné qu'il était sans doute amoureux de Jésus). Finalement, elle a choisi Pierre, car c'était un être imparfait, celui qui va jusqu'à trahir Jésus.

Faire l’amour pour acheter des Tintin
Marie-Aude Murail connait les Tintin presque par cœur. Enfant, les pays de Tintin inspiraient les cartes des mondes qu’elle dessinait pour ses histoires. Le capitaine Haddock a été son premier amour de personnage. Elle nous a également avoué qu’avec son mari, dans les premières années, à chaque fois qu’ils faisaient l’amour, ils mettaient de l’argent dans une tirelire … pour acheter la collection des Tintin à leur progéniture.

Tester son manuscrit
Ses premiers lecteurs sont ses enfants et son mari. Parfois, elle teste ses manuscrits dans ses rencontres scolaires, mais que ce peut être une pratique dangereuse si le texte n’est pas assez mûr.

Lire à voix haute
Marie-Aude Murail nous a longuement parlé de l’importance de lire à voix haute, qu’elle l’a fait jusqu’au bac (Cégep) à ses enfants. Qu’elle croit qu’il devrait y avoir un cours sur l’art de raconter lors de la formation des maîtres (et aussi pour les bibliothécaires), que trop souvent, les enseignants sont coincés lorsqu’ils lisent. Qu’ils doivent prendre de la place, comme s’ils étaient sur une scène. Selon elle, la formation pourrait être donnée par des acteurs. À son avis, Zola ne passerait pas le test de la lecture à voix haute. Elle n’hésite pas à couper des passages, lorsqu’elle lit à un public. Si elle lit ses manuscrits à des élèves et se rend compte qu’elle escamote des passages, elle les coupe ensuite.

Tomber en amour avec les personnages
Son vice d’auteur : les personnages. Elle tombe en amour avec les personnages. C’est pour cette raison qu’elle n’aime pas trop les classiques et quand la couverture dit « tragédie », on oublie ça! C’est pour cette raison également qu’elle adore Dickens et la littérature anglaise. Étant donné qu’elle a un faible pour les personnages, elle veut également que l’histoire se termine bien. Elle a dit que c’est sans doute pour ça qu’elle aimait certaines séries (comme Arsène Lupin), car ces personnages sont impossibles à tuer.

Générosité
Au lieu de l’heure initialement prévue, Marie-Aude Murail est restée à la librairie une heure trente, puis ensuite, à la demande d’une libraire qui l’avaient entendu à Québec la veille, elle a accepté de lire un extrait d’un de ses romans. Vers 12h20, elle a accepté de signer nos livres et de prendre des photos.

mardi 19 octobre 2010

Le doux parfum de la victoire...



Ah... qu'il est doux le parfum de la victoire...
Mon Papa ne pue pas vient de remporter le Prix des abonnés du réseau des bibliothèques de la Ville de Québec.

Bravo à mon illustrateur, Jean Morin.

En plus d’un chèque de 500$, je recevrai un certificat signé par le maire, Régis Labaume lui-même.
On sait faire les choses dans la Capitale Nationale!

dimanche 17 octobre 2010

Roman deuil versus roman vie...


Il arrive que des lectrices (et parfois des lecteurs) de mon blogue laissent des mots-cadeaux dans la section Commentaires. Comme ceux de l'auteure Katia Canciani à la suite d’un de mes billets sur les larmes.

Ses mots étaient trop beaux pour les laisser enterrés dans les Commentaires. Les voici donc :

« il y a des larmes retenues
si longtemps
qu'elles font pousser des romans entiers
dans le cœur
reste plus qu'à les cueillir
le moment venu
ainsi le roman deuil
devient roman vie. »
Katia Canciani

jeudi 14 octobre 2010

Je baboune!


Je râle. Je baboune. Je boude. Parce que je ne peux PAS aller à Montréal rencontrer mon auteure jeunesse préférée, mon modèle, mon héroïne. Non, je ne peux pas aller entendre la causerie de Marie-Aude Murail et j’en trépigne de dépit. Car j'admire l'immense talent de auteure qui a publié des livres inoubliables et j'admire tout autant l'engagement admirable dont elle fait preuve pour promouvoir la lecture chez les jeunes.

Marie-Aude Murail est au Canada pour une tournée éclair. Trois amies, qui connaissent bien mon enthousiasme pour cette grande dame des lettres, m’ont signalé sa visite. Et je ne peux pas y aller!!! Grrrrr…

Pour ceux qui ne la connaissent pas (pôvre de vous!), voici comment son éditeur (Gallimard/École des loisirs) la présente: «Marie-Aude Murail a rédigé plus de 80 titres vendus à des millions d’exemplaires, elle est aujourd’hui une réelle vedette de la littérature jeunesse, tellement qu’on lui a remis la Légion d’honneur pour services rendus à la littérature! »

Si vous n’avez pas lu Oh Boy! ou Simple, courez-y tout de suite. Et je vous envie, car je sais que vous attend un sublime bonheur de lecture. De dire Madame Murail au sujet de ces deux romans destinés à devenir des classiques: « J’essaie de faire aimer des personnages qui sont différents. Dans Oh Boy!, c’était un homo, dans Simple, c’est un idiot.»

Dans son récent roman, un polar intitulé Le tueur à la cravate, Marie-Aude Murail offre un cadeau à ses lecteurs (et aux auteurs aussi!) : son journal de création : « Comment naît un roman (ou pas) ». Ce journal, je l’ai lu avec avidité, en prenant des notes et en m’exclamant « Ah oui! » à chaque deux pages.

En voici un petit extrait, que j’ai choisi parce qu’il illustre bien la générosité et la candeur avec laquelle Marie-Aude Murail se raconte. Et aussi parce que mêmes les Grands Auteurs, dont le talent a été chanté sur toutes les tribunes, dont les livres s’envolent à coup de centaines de milliers, sur qui les prix pleuvent, oui, même les Grands ont des doutes.

« Mes vieux tourments quand j’ai rendu un roman, un de plus, et je sais que ce n’est pas encore ça, pas tout à fait ça, qu’il faut s’y remettre au plus vite. Je ne suis pas loin de me dire à quoi bon écrire, il y a tant de livres, tant d’auteurs. Laisserai-je une trace? Vais-je m’imposer comme le meilleur auteur jeunesse français, vais-je être davantage traduite en anglais, ce qui me permettrait de passer définitivement nos frontières. L’ambition me taraude, puis vient l’abattement, une certaine rage d’être née dans ce pays qui ne me convient pas tout à fait, même si je suis fière de ma culture, de ma langue. Bref, des sentiments comme une mer troublée, et qui ne me permettent pas de créer. Pas maintenant. »

Donc, pour les intéressés et ceux qui pourraient y aller (je suis jalouse!!!) Marie-Aude Murail sera là et là et là :
- Le vendredi 15 de 10h30 à 11h30 à la libraire Clément Morin à Trois-Rivières, rencontre ouverte à tous.
-Le vendredi 15 à 15h30, en direct sur Radio Ville-Marie.
- Le samedi 16 à 10h30 à la bibliothèque du Plateau Mont-Royal. Entrée ouverte à tous.

Si jamais quelqu’un de Trois-Rivières ou Montréal décide d’aller à l'une de ces causeries et a ensuite l'incommensurable générosité de me raconter, je lui serais éternellement reconnaissant.

lundi 11 octobre 2010

vendredi 8 octobre 2010

Angoisses du créateur? Vous n’êtes pas SEUL!



À tous ceux qui connaissent l’angoisse de la page blanche, ces journées où l’on n’arrive pas à aligner trois mots qui se tiennent, ces périodes où toutes les pages qu’on noircies se retrouve à la poubelle, eh bien, consolez-vous. Vous n’êtes pas SEUL! Même Hemingway et John Lennon avaient des pannes d’inspiration… comme on le constate dans cette petite vidéo ironique et oh combien vraie.

L’auteur/illustrateur s’appelle Levni Yilmaz, un Américain doté d’un humour mordant, comme en fait foi cet échantillon glané sur sa page Facebook: "Fuck you, you fucking fart fucker, you fucking fuck farts" -Overheard at an intersection. I'm half certain the person who said it was me.”

mercredi 6 octobre 2010

"Le Bon Dieu chasse les mouches pour les boeufs sans queue"


Imaginez que vous êtes aveugle et que le sol se met à trembler autour de vous. Un séisme de magnitude 7. Vous ne voyez rien. Mais vous entendez les bâtiments qui s’effondrent, les cris d’épouvante, les sanglots, les sirènes. Tout s’écroule autour de vous. Vous n’avez plus aucun repère. Et vous êtes aveugle…

Voilà ce que raconte Gilbert Troutet dans son texte coup de poing : La nuit-tombe. Éloquemment titrée, sa nouvelle est courte, dense et puissante.

« À nouveau, de toutes ses forces, il (l’aveugle) appelle à l’aide, mais sa voix se perd dans le tumulte de la ville. Il comprend qu’il devra patienter, attendre, attendre encore, espérer, tenir jusqu’à demain. Au moins, se dit-il, je suis vivant,
Bon Dyé chasé mouch pou bèf san ké.
(Le Bon Dieu chasse les mouches pour les boeufs sans queue : il y a un Bon Dieu pour les malheureux.)

Cette nouvelle fait partie du recueil Haïti je t’aime, publié chez Vermillon, sous la direction de Lysette Brochu, Jean Malavoy et Claire Bannier, en collaboration avec l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français.

J’en ai parlé samedi, aux Divines Tentations de Radio-Canada.

Le recueil présente une grande diversité de textes: nouvelles, lettres, fables, essais, contes, poèmes et haïkus. On y aborde plusieurs thèmes : vie quotidienne en Haïti, conséquences du tremblement de terre, soutien, espoir, deuil, religion/spiritualité. On y retrouve des textes enflammés, dont les plus émouvants sont signés par des Haïtiens: un poème de Jeudy Roosevelt, un témoignage de Claude Pierre (un survivant du séisme) et le superbe texte d’Eddy Garnier intitulé Haïti, mon pays songe mensonge.

Les auteurs qui ont participé au recueil offrent leurs droits d’auteur à un organisme oeuvrant pour la reconstruction d’Haïti.