vendredi 30 octobre 2009

«Un billet pour le paradis»


Merci à Louis Genest, qui travaille au service de la référence à la Bibliothèque publique de Gatineau, pour cette superbe photo de la blogueuse prise en flagrant délit de jacasserie. Quelle originalité n’est-ce pas dans cette image en silhouette, qui a aussi l’avantage de cacher toutes mes rides!

Bon, mes deux ateliers sur le blogue ont été conçus, échafaudés, donnés et je fais ouf. Côté participation, mettons que ça ne se bousculait pas au portillon. Heureusement que j’ai une grosse famille (merci à Martine, belle locomotive)… Mon atelier n’a pas attiré les foules. Peut-être que j’aurais dû offrir en prime un certain vaccin plutôt populaire par les temps qui courent.

Mais ce que je n’avais pas en quantité, j’ai eu en qualité. Les participants, dont quelques auteurs (certains déjà publiés, d’autres en devenir) étaient aussi intéressés qu’intéressants et m’ont balancé de solides questions.

Je ne vais pas vous répéter ici toutes mes découvertes et trouvailles sur le fabuleux phénomène du blogue, mais juste pour titiller votre curiosité, quelques statistiques – assez époustouflantes merci – sur l’étendue de la blogosphère.

Technorati a recensé environ 133 millions de blogues. Cependant, sur ce nombre effarant, il faut tout de suite préciser que seulement 7 à 10 millions de ces blogues sont actifs. Ce qui veut donc dire que 95% des blogues sont abandonnés en cours de route. Imaginez l’amplitude de ce cimetière de blogues dans le cyberespace! Y a-t-il des nostalgiques qui vont se recueillir sur toutes ces tombes virtuelles?

La prochaine statistique porte un coup à l’égo des blogueurs qui ambitionnaient de se bâtir un large lectorat: 50 000 à 100 000 blogues (sur les 10 millions de blogues actifs) génèrent le plus de pages lues. Ce qui veut dire que le vedettariat sévit aussi dans la blogosphère, puisque tout le monde semble lire à peu près les mêmes blogues.

Au cours de mon atelier, j’ai abordé la question des commentaires laissés sur mon blogue. Et je disais mon étonnement (lire déception) de n’avoir aucun ou très peu de commentaires lorsque j’aborde des sujets touchant le développement international.

Le lendemain de l’atelier, je reçois un courriel de l’écrivaine Nicole Balvay-Haillot, qui a assisté à une conférence de Benoît Cazabon sur l’essai. Elle m’écrit: «Il ne faut pas juste passer le message, mais personnaliser, questionner. L'essai est davantage un questionnement qui invite le lecteur à se questionner aussi, sans que ni lui, ni l'auteur n'offre vraiment de réponse. »

Voilà une mini leçon d’écriture très salutaire que je m’en vais illico méditer. Merci Nicole.

Je termine mon mois de résidence d’écrivain à la Bibliothèque municipale de Gatineau avec cet énoncé évocateur de Henry Miller: «De temps en temps, j’allais passer une soirée à la bibliothèque municipale pour lire.C’était pour moi prendre un billet pour le paradis.»

mardi 27 octobre 2009

Lire dans une yourte...


Il est beaucoup question ces jours-ci dans l’Outaouais de la nouvelle bibliothèque publique qu’il faudra construire pour Gatineau. On pourrait s’inspirer de la nouvelle bibliothèque nationale du Kazakhstan, dont le design a été conçu par une agence danoise d’architecture.

On la décrit comme un «édifice de 33 000 mètres carrés tout en torsion.» Pour concevoir cette bibliothèque, l’agence Big a retenu quatre symboles universels: la yourte, la rotonde, l'arche et le cercle. Résultat? Un édifice qui change de physionomie à chaque angle de vue.

Voilà qui nous ramène à cette bibliothèque synonyme d’infini, dont je parlais au début du mois. Nous voici donc encore une fois devant ces fabuleuses courbes, évoquant l’irrésistible infini de la lecture.

Puisqu’on cause bibliothèques, allons-y de ce bon mot de l’inénarrable Sacha Guitry: «Avec tout ce que je sais, on pourrait faire un livre… il est vrai qu'avec tout ce que je ne sais pas, on pourrait faire une bibliothèque. »

lundi 26 octobre 2009

Une histoire au bout du fil

Rares sont les gens qui ont du plaisir à entendre leur voix en enregistrement. Je m’inclus dans ce groupe. Je n’aime ni mon timbre, ni mon ton, ni ma diction, ni ma façon de dire le «oir» ou le «an». Sans doute un vieux complexe tenace de Franco-Ontarienne qui a grandi en milieu minoritaire et qui trouve le français des autres toujours plus élégant, plus éloquent et mieux déclamé que le mien.

Faisant fi de ma résistance, le Rat-Conteur a bien voulu m’inviter dans sa fabuleuse boîte à histoires. Le temps d’un récit, je me transforme en Souris Coquine pour raconter comment un papa ingénieux s’y prend pour chasser le chagrin de sa petite fille. Et si vous osez faire un tour ici, vous apprendrez même qui a inventé la poubelle et dans quelles circonstances.

Depuis 2002, ce Rat-Conteur beau parleur s’active dans les rayonnages de la Bibliothèque municipale de Gatineau. Il bouffe des livres en quantité mais n’a encore mordu personne. En racontant ses histoires au téléphone et sur le web, cet érudit rongeur a cependant conquis des milliers de lecteurs. Plus de 13 000 « écoutes » par année, ce qui n’est pas négligeable, pour un si modeste mammifère.

Pour un jeune enfant, imaginer comme ça peut être captivant de signaler un numéro de téléphone et de se laisser envoûter par une voix mystérieuse qui raconte une histoire à l'autre bout du fil. Pas d’images. Que la musique des mots et l’enchantement du récit. Un autre exemple probant de la puissance de la littérature.