jeudi 14 mai 2009

Trilogie de désirs



Philip Pullman, le père de la célèbrissime trilogie À la croisée des mondes s'est fendu d'un superbe aphorisme, qui résume admirablement mes appétits du moment. En fait, son affirmation reflète la trilogie de mes désirs les plus récurrents: des livres, du temps et du silence. J'ai des livres en masse (une mini tour de Pise près de mon lit) mais je cours constamment après le temps et le silence.

Josée Blanchette a d'ailleurs une très poétique chronique sur le silence dans LeDevoir d'aujourd'hui, à lire ici.

Voici donc ma traduction-maison des paroles de Pullman: «On n'a pas besoin de liste sur ce qui est bien et ce qui est mal, ni d'un catalogue de vous-devriez-faire-ceci ou vous-devriez-faire-cela: on a besoin de livres, de temps et de silence.

Voilà ce que je nous souhaite en ce weekend de la Fête de la Reine.

mercredi 13 mai 2009

Faire flèche de tout bois



Certains éditeurs américains ont la bosse du marketing. La preuve? Deux semaines après que la famille Obama ait enfin accueilli à la Maison Blanche son toutou tant attendu, on trouvait en librairie un album illustré sur Bo, le désormais célèbre chien d'eau portugais. Le livre s'intitule Bo - America's Commander in Leash et le tirage initial est de 100 000 exemplaires. Voilà ce qu'on appelle battre le fer pendant qu'il est chaud.

En avril dernier, le Chicago Tribune rapportait que trois autres albums sur le même sujet devraient paraître prochainement. Lorsqu'on connaît le temps nécessaire à la production d'un album illustré (minimum un an et souvent bien davantage si l'album est imprimé en Asie), il faut se rendre à l'évidence: les Américains savent faire flèche de tout bois.

Stephen Harper est au pouvoir depuis trois ans, mais aucun auteur jeunesse n'a encore pondu un album sur les chats du 24 Sussex drive...

lundi 11 mai 2009

Une formule gagnante à imiter




Nathalie est une passionnée de lecture. Les livres, elle les dévore! À chaque mois, cette enseignante de l'école Monseigneur Milot, à Victoriaville, lit des tonnes de romans jeunesse. Cette passion fait d'ailleurs d'elle l'un des piliers de Défi aux livres, un fabuleux programme en place dans les écoles de la Commission scolaire des Bois-Francs.

Défi aux livres a été créé il y a plus d’une décennie par Denis Fortier, un directeur d’école qui était un visionnaire en plus d'être un homme d'action. Entouré d’un bon programmeur et d’un groupe d’enseignants convaincus, il a conçu cette initiative alliant la lecture et l'informatique.

L’idée est simple mais astucieuse: l’élève lit un livre et peut ensuite aller à l'ordinateur faire un petit jeu. Assis devant l'écran, il répond à un questionnaire à choix multiples. Défi aux livres plait aux jeunes pour son aspect ludique. Pour cette génération qui grandit à l'ère des jeux vidéo, compléter le questionnaire à l'ordi est en effet bien plus attirant que de le faire sur une feuille de papier.

Le programme compte plusieurs centaines de livres, répertoriés selon les niveaux d'âge, de la 1ère à la 6e année. À l'école Monseigneur Milot, la majorité des classes ont un programme de motivation relié aux nombres d'ouvrages lus par l'élève pour le programme Défi aux livres.

Nathalie fixe des objectifs ambitieux pour ses élèves de sixième année: lecture de dix romans en quatre mois, le tout suivi d'une activité récompense, choisie par les enfants eux-mêmes. «C’est une formule gagnante. Si on n’avait pas ce programme, les élèves ne liraient pas autant», affirme l'enseignante.

En plus de stimuler la lecture, le programme permet aux profs de suivre l'apprentissage de leurs étudiants. Grâce au pointage obtenu par l'élève une fois le questionnaire complété, l'enseignant peut se faire une bonne idée de la compréhension par l'élève du livre lu.

La banque de questionnaires du programme Défi aux livres est alimentée bénévolement par des enseignants. Vous avez bien lu, bénévolement. Il en existent donc (et plus qu'on pense...) des profs qui ont de l'idéal et de la passion pour leur vocation. À elle seule, Nathalie a rédigé plus d'une centaine de questionnaires! Lorsque je la félicite pour son énergie et son engagement, elle répond modestement: «J'aime lire».

La Commission scolaire des Bois-Francs a investi beaucoup de temps, d'énergie et de créativité à monter ce programme au cours de la dernière décennie. Voilà le genre d'initiative que le MELS devrait diffuser largement, dans toutes les commissions scolaires de la province.

C'est la mode ces jours-ci de se gargariser de nobles concepts comme le partage des connaissances, les communautés d'apprentissage, les meilleures pratiques... mais combien de milieux de travail mettent en oeuvre ces beaux principes?

Je me prends à rêver que la Commission scolaire des Bois-Francs puisse faire le tour du Québec et dire: Tiens, voici notre Défi aux livres, ça marche, nos jeunes ont envie de lire. Prenez le programme et offrez-le à vos élèves... Et Défis aux livres ferait des bébés au quatre coins de la province et ça ferait plus de lecteurs et moins de décrocheurs.

Hein? Vous dites que je rêve en couleurs? Qu'il y a sans doute tout un tas de considérations financières, administratives, logistiques, légales, syndicales qui rendraient difficile la multiplication de cette initiative? Sans doute. Mais on peut toujours rêver et le dire tout haut, ce rêve, et le répéter et y revenir et le disséminer... c'est comme ça que le changement arrive non?