vendredi 8 mai 2009

Parfois canaille, parfois distinguée



Voici les livres dont je parlerai demain matin à l’émission  Les Divines Tentations .

La veuve. Gil Adamson.   Éditions du Boréal.
Un premier roman qui n'a rien, mais absolument rien, d'amateur. Du lyrisme en-veux-tu-en-v'là,du suspense à couper au couteau, de la sensualité à faire fondre un iceberg et des personnages excentriques qu'on dirait tout droit sortis d'un western. Jouissif.

L'arbre qui glapit.  Françoise Cliche.  Éditions XYZ.
Un autre premier roman tout à fait digne d'intérêt, sur les aventures et mésaventures de retraités bénévoles au Guatemala. L'auteure y dresse un portrait tragicomique des qualités et travers de ces idéalistes qui veulent « faire le bien ».

Je ne suis plus une oie blanche. Josée Blanchette. Flammarion.
Cette journaliste-chroniqueuse tient un blogue à faire verdir d'envie tous les blogueurs de la province. Pour l'élégance de sa prose, pour la justesse de ses réflexions, pour la provocation parfois canaille, parfois distinguée, personne ne l'accote.

Tout le monde vous aime Monsieur Salim. Jean-Louis Grosmaire. Vermillon.
Le récent roman d'un écrivain qui habite mon patelin et dont j'ai toujours aimé la prose d'une sensibilité à fleur de peau. Sans complaisance, il décrit ici les ravages de la vieillesse. Il m'a donné des fourmillements de voyageuse avec ses envoûtantes descriptions du Maroc, qui donnent envie d'aller se promener sur les remparts de Taraoudante ou la corniche de Sidi Ifni.

jeudi 7 mai 2009

Ardent désir de faire plaisir


Hier, je faisais des animations dans une école d'immersion d'Ajax, près de de Toronto. Après le lunch, on m'envoie dans une classe portative (suffocante et malodorante) avec 30 élèves de 5e année. Si ces jeunes semblaient charmants, ils n'avaient cependant aucune idée de qui j'étais, de ce que j'avais écris, ni de ce que je venais faire dans leur classe.

Au tableau, leur enseignant avait écrit la première phrase de mon roman Ping-Pong contre Tête-de-Navet. «Je ne suis pas sortie du ventre de ma mère ».
Qu'est-ce que ça pouvait bien dire à ces enfants qui n'avaient même pas vu le livre et qui parlaient laborieusement un français hésitant?

J'ai ralenti mon débit, articulé soigneusement les mots moins usuels, vérifié régulièrement s'ils me comprenaient. J'ai fait moult sparages et simagrées pour capter et maintenir leur attention. À la fin de l'heure, j'avais l'impression d'avoir couru un marathon.

Au moment où je m'apprêtais à quitter la classe, deux filles m'ont approchée en ricanant nerveusement. Elles m'ont tendu une feuille blanche pliée en deux. Elles avaient scribouillé en vitesse le dessin d'un livre, sous lequel elles avaient écrit: À Andrée Poulin, nos auteur favorit! (sic).

Sans avoir lu une seule ligne de ce que j'avais écris, ces filles m'avaient d'emblée promue leur auteure préférée. Le compliment était tellement démesuré qu'il en était touchant. Tout autant que leur ardent désir de faire plaisir.

mardi 5 mai 2009

Recette pour ne pas écrire une histoire




J'ai promis d'écrire un court texte (1 500 mots) pour un recueil de nouvelles. Ce bouquin, qui réunira les contributions d'une dizaine d'auteurs jeunesse, servira de levée de fonds pour les Dîners de La Tablée populaire.

Le personnage principal de ma nouvelle est un garçon qui joue de la flûte à bec.
J'avais besoin de savoir comment un enfant de dix ans peut apprendre un morceau de flûte s'il ne sait pas lire la musique. Quel type de morceau il pourrait jouer et quel niveau de difficulté? J'aurais pu avoir la réponse en appelant mon frère musicien, mais ça aurait été trop rapide. J'ai fais une recherche en bonne et due forme sur la Toile. Je suis tombée par hasard sur le site trop rigolo d'un professeur de musique. Je ne pouvais pas ne pas en lire des bouts... Quelques heures de recherches plus tard, me voilà une « experte » de la flûte à bec.

L'autre personnage important de mon histoire est un gibbon à mains blanches. J'avais besoin de savoir comment cet irrésistible primate épluche ses bananes, dans quelle position il dort et comment il enlève ses poux... Plusieurs heures de recherche plus tard (trop d'heures...), me voilà une « experte » sur le gibbon à mains blanches.

Mon histoire se déroule dans un zoo. J'avais besoin de savoir comment sont traités-logés-soignés les singes dans les zoo modernes. Je suis tombée par hasard sur un site absolument fabuleux, celui d'un sanctuaire britannique pour les singes rescapés de laboratoires, des cirques ou du trafic illégal. Je ne pouvais pas ne pas en lire des bouts... Plusieurs heures de recherches plus tard, me voilà une « experte » sur les singes abusés.

Après d'innombrables heures de recherches, mon esprit me fait l'effet d'un capharnaüm, encombré d'une foule d'informations aussi fascinantes que disparates, dont je ne pourrai jamais me servir dans une nouvelle de 1 500 mots.

Après d'innombrables heures de recherches, (non, n'insistez pas, même sous la torture de la goutte d'eau, je ne préciserai pas combien d'heures j'ai passées à enrichir mon esprit sur la Toile...) ma nouvelle n'a pas progressé d'un iota...
Voilà donc ma recette pour ne pas écrire une histoire.

dimanche 3 mai 2009

Quand la girafe bécote le ciel



La girafe pose ses lèvres
Sur le bleu du ciel.
L'enfant rit et gazouille.



Cloé, une élève de 1ère année, m'a inspiré ce haïku. J'ai longuement tripoté mes trois vers pour en arriver aux 17 syllabes réglementaires. Pas si simple que ça en a l'air.

Cloé a créé son dessin après que son enseignante lui ait lu mon album Qui sauvera Bonobo?, où la giraffe a peur d'attraper un torticoli. Cloé m'a offert son dessin alors que la neige couvrait encore le sol. J'ai oublié le nom de l'école de Cloé mais je n'ai pas oublié son dessin.