jeudi 30 avril 2009

De pommes et d'idées



J'ai des amis qui travaillent dans le milieu de l'enseignement, au niveau secondaire et universitaire. Ils me disent que la compétition y est féroce. Que la plupart des profs gardent jalousement leurs idées. Que les collègues partagent rarement leurs plans de cours. Que le chacun pour soi règne en roi.

Cette pingrerie intellectuelle chez l'élite intellectuelle me sidère. Ça donne quoi, en bout de ligne, de se montrer grippe-sou avec ses connaissances? Avare de ses informations? Ça ne nous rendra ni plus riche, ni plus intelligent sur notre lit de mort.

Je le trouve pourtant si stimulant, si édifiant, ce précepte de George Bernard Shaw: «Si tu as une pomme, que j'ai une pomme, et que l'on échange nos pommes, nous aurons chacun une pomme. Mais si tu as une idée, que j'ai une idée et que l'on échange nos idées, nous aurons chacun deux idées».

mercredi 29 avril 2009

Les elfes de la paresse



Je suis allée voir Une histoire pour Édouard, production du Théâtre des Confettis, au Centre national des arts. Cette pièce de Lise Vaillancourt aborde un thème ambitieux et rarement vu dans le théâtre jeunesse: les peurs du créateur.

Édouard, un jeune avocat bon chic bon genre, vient frapper chez Madeleine McFursen, une auteure qui avait promis, 20 ans plus tôt, d'écrire une histoire pour lui. L'écrivaine avoue à Édouard que les lutins de la peur l'ont empêché de finir son histoire. Armée d'un miroir magique et d'un sabre en plastique, l'auteure part donc à la conquête de ses peurs afin de pouvoir ensuite terminer la dite histoire.

Je n'ai pas de lutins de la peur qui m'empêchent d'écrire. Dans mon cas, ce serait plutôt les démons de la procrastination, secondés par les elfes de la paresse... Quelqu'un a-t-il un sabre ou un miroir magique à me prêter?


***

Au moment de se remettre à son histoire ébauchée, Madeleine McFursen confie à Édouard son désir d'écrire une histoire immortelle, « qui va durer des siècles et des siècles ».

Nous sommes combien d'auteurs à rêver en cachette (qui aurait la prétention de l'admettre ouvertement?) d'écrire un livre qui nous survivra? De pondre un « classique », notre graal à tous?

J'ai publié mon premier roman jeunesse en 1983. Déjà 25 ans. À peine un petit quart de siècle. Mais ce livre est aujourd'hui introuvable. Plus personne ne le lit. Je ne dis pas qu'il s'agissait du roman du siècle, injustement et cruellement tombé dans l'oubli. Pas du tout. Mais ça m'effraie tout de même de constater que la majorité des bouquins ont aujourd'hui une vie guère plus longue que celle d'un contenant de yaourt. Comment garder un sain détachement devant l'état si périssable de nos livres? Comment garder un minimum de sérénité devant l'essence si éphémère de nos écrits? Yo no sé.

mardi 28 avril 2009

Rêver à la Provence...



Pour les écrivaines en mal d'inspiration, deux Américaines offrent une irrésistible retraite dans un petit village isolé de Provence, au nom enchanteur de Fox-Amphoux. Cette retraite créatrice vise les femmes (désolée Messieurs) qui veulent écrire dans un environnement calme, sublime et stimulant. On nous promet la Provence authentique, peu de distraction, sauf la balade en vélo, la cueillette des légumes dans le potager et la préparation de repas avec un chef maintes fois décoré... Tout ça pour un petit 2 500$ (dollars US) pour une semaine (billet d'avion non inclu).
Quand on connait les chiffres de vente d'un « best-seller » au Québec, on se demande combien d'écrivains pourraient s'offrir cette retraite de rêve avec leurs droits d'auteur? Deux? Deux et demi?

lundi 27 avril 2009

Pudeur à propos des pets




Péter est-il plus vulgaire que roter? Pour nos voisins américains, il semble que oui.
Une version en anglais de mon album Le Pire moment, sera publiée l'an prochain par un éditeur américain. L'une des pages du livre présente une souris-directrice de chorale, délicieusement dessinée par Philippe Béha. Or, cette petite souris a le malheur de péter au mauvais moment. Eh bien, dans la version américaine, elle ne pétera plus mais rotera plutôt... Au pays de l'oncle Sam, il semble qu'on a de la pudeur à parler de pets.